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Golfe: Iran et Arabie Saoudite haussent le ton

Image fournie par l'agence de presse iranienne de l'opération de secours du pétrolier norvégien attaqué

Image fournie par l'agence de presse iranienne de l'opération de secours du pétrolier norvégien attaqué - TASNIM NEWS / AFP

L'Iran accuse les USA de provocation « comme pendant la seconde guerre mondiale »

Le président du Parlement iranien a accusé les Etats-Unis d’avoir organisé les attaques ayant visé jeudi deux navires en mer d'Oman, dans la région du Golfe, selon l'agence de presse officielle iranienne Irna. « Il semble que les actions suspectes sur des tankers en mer d'Oman complètent les sanctions économiques [américaines contre l'Iran] car [les Etats-Unis] n'ont atteint aucun résultat avec ces sanctions », a déclaré Ali Larijani dans un discours au Madjles (Parlement) tel que rapporté par Irna et l'agence de presse semi-officielle Isna.

Selon ces deux médias, M. Larijani a soutenu cette insinuation en affirmant que durant « la Seconde Guerre mondiale », les Etats-Unis « visaient leurs propres bateaux près du territoire japonais afin de pouvoir justifier leur hostilité » envers l’empire japonais. Un méthanier japonais, le Kokuka Courageous, et un tanker propriété de la compagnie Frontline cotée à la Bourse d'Oslo, le Front Altair, transportant du naphta, ont été stoppés jeudi en mer d'Oman par des explosions d'origine inconnue alors qu'ils faisaient route vers l'Extrême-Orient.

Dès jeudi, Washington a accusé Téhéran d'être responsable de ces attaques, qui ont eu lieu alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe se trouvait à Téhéran pour des discussions destinées selon lui à faire baisser les tensions entre les ennemis jurés que sont la République islamique d'Iran et les Etats-Unis. Mais le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre l'attaque des tankers et la visite de M. Abe à Téhéran, la première d'un chef de gouvernement japonais en Iran depuis 1978, ajoutant que la rapidité avec laquelle Washington avait accusé l'Iran d'être derrière les attaques en mer d'Oman dénotait une volonté manifeste de « sabotage diplomatique ».

L'Arabie Saoudite se fait menaçante 

De son côté l’Arabie Saoudite à son tour, a clairement accusé l’Iran d’être responsable des attaques : « le régime iranien n'a pas respecté la présence du Premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts en attaquant deux pétroliers, dont l'un était japonais », a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dans une interview au quotidien Asharq al-Awsat publiée dimanche. « Nous ne voulons pas une guerre dans la région (...) Mais nous n'hésiterons pas à réagir à toute menace contre notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale et nos intérêts vitaux », a-t-il averti.

Dans son interview, le prince héritier saoudien a répété que son pays n'accepterait pas « la présence de milices iraniennes à ses frontières ». Ryad accuse l'Iran d'armer les Houthis, mais Téhéran tout en disant soutenir ces rebelles dément leur fournir des armes. Samedi, le royaume saoudien a annoncé l'interception d'un nouveau drone lancé par les Houthis contre la ville d'Abha (sud), au lendemain de l'interception de cinq drones en direction de l'aéroport d'Abha et d'une ville voisine. Mercredi, 26 civils ont été blessés dans une attaque au missile contre ce même aéroport. Au Yémen, un porte-parole de la rébellion a promis des « jours douloureux » au royaume.

Appels à la désescalade

Samedi, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont appelé à la sécurisation des approvisionnements en énergie venant du Golfe, l’Arabie Saoudite demandant même une action « décisive » en ce sens, pendant que les Emirats étaient plus mesurés : le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, a plaidé pour une « désescalade », sur fond de guerre des mots entre les ennemis iranien et américain. « La région est complexe et a beaucoup de ressources, que ce soit du gaz ou du pétrole, qui sont nécessaires pour le (reste du) monde. Nous voulons que le flux de ces ressources reste sûr afin d'assurer la stabilité de l'économie mondiale », a-t-il déclaré en Bulgarie.