BFM Business
International

Le gouvernement thaïlandais écarte la médiation du Sénat

BFM Business
par Chalathip Thirasoontrakul et Panarat Thepgumpanat BANGKOK - Le gouvernement thaïlandais a écarté mardi la médiation proposée par un groupe de...

par Chalathip Thirasoontrakul et Panarat Thepgumpanat

BANGKOK (Reuters) - Le gouvernement thaïlandais a écarté mardi la médiation proposée par un groupe de sénateurs pour trouver une issue à la crise politique qui a fait 67 morts depuis avril et menace l'unité du pays.

L'offre, émanant de 64 des 150 élus de la chambre haute du parlement, avait été acceptée quelques heures plus tôt par les "chemises rouges", qui réclament le départ du Premier ministre thaïlandais et la convocation d'élections anticipées.

"Si nous laissons les choses continuer ainsi, nous ne savons pas combien d'autres vies seront perdues", avait expliqué Nattawut Saikua, un des représentants du mouvement de contestation, lors d'une conférence de presse dans le camp retranché des opposants au gouvernement.

Mais des responsables du gouvernement ont critiqué l'initiative des sénateurs. "Le gouvernement dit que nous ne pourrons négocier que lorsque la contestation sera terminée", a rappelé à la télévision Satit Wongnongtaey, ministre auprès du Premier ministre, Abhisit Vejjajiva.

Cette condition préalable est rejetée par les chefs de file de la contestation.

"Je doute que cette proposition de pourparlers aboutisse à la fin de la crise politique", estime Kavee Chukitsamen, directeur de recherches chez Kasikorn Securities. "La seule issue serait de mettre un terme à ces manifestations, soit par l'action des forces de sécurité du gouvernement, soit sur la propre initiative des chemises rouges", ajoute-t-il.

Selon le centre Erawan des urgences médicales, au moins 38 personnes sont mortes dans les derniers affrontements qui ont éclaté le 13 mai. Depuis le début du mouvement, en avril, le bilan est de 67 morts.

"COMPORTEMENTS DE TERRORISTES"

De nouveaux incidents ont été signalés dans la nuit à Bangkok, sans atteindre toutefois la même intensité.

Dans le quartier de Din Daeng, théâtre de violents affrontements ce week-end, la troupe est intervenue pour déloger des manifestants qui avaient incendié des barrages de pneus. Coups de feu de sommation et cocktails Molotov ont été échangés de part et d'autre.

De petits groupes ont affrontés les forces de l'ordre à coup de cocktails Molotov et de jets de pierres sur l'avenue Rama IV, qui mène au quartier des affaires.

L'armée thaïlandaise a maintenu le cordon de sécurité établi un peu plus au sud, autour des positions occupées par les manifestants antigouvernementaux dans le centre de Bangkok.

Environ 5.000 "chemises rouges" restent retranchées dans ces campements improvisés qui s'étendent sur trois kilomètres carrés autour du carrefour de Rachaprasong, dans le principal quartier commerçant de la ville.

Les autorités avaient donné aux manifestants jusqu'à lundi 15h00 (08h00 GMT) pour évacuer les lieux qu'ils occupent depuis le 3 avril, mais aucune intervention n'a été ordonnée à l'expiration du délai.

Des centaines de femmes et d'enfants se trouvent dans un temple au coeur de la zone occupée par les "chemises rouges", ce qui rend une action des forces de l'ordre particulièrement délicate.

Un porte-parole de l'armée a accusé des manifestants de se comporter comme des "terroristes" qui fomentent des troubles et tuent au hasard.

"Il y a des groupes de terroristes qui tentent de provoquer des incidents en blessant et en tuant des gens. Leurs cibles sont des personnes innocentes dans les rassemblements, des secouristes, des journalistes", a dit Sansern Kaewkamnerd.

Un de ces incidents s'est produit lundi, au nord de la zone de campement, sur le site d'un immeuble en construction.

"Un groupe de tireurs embusqués, habillés comme des soldats, s'est caché dans les étages 24 à 27 visant les gens au hasard, et ensuite, on accuse les soldats", a-t-il déclaré dans une intervention à la télévision.

Avec Nopporn Wong-Anan et Ambika Ahuja, Pierre Sérisier, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser