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La Grande-Bretagne perd son triple A

Les deux autres agences Standard & Poor's et Fitch menacent elles aussi de dégrader Londres

Les deux autres agences Standard & Poor's et Fitch menacent elles aussi de dégrader Londres - -

Mood'ys a dégradé la note du Royaume Uni d'un cran en raison de la croissance "étouffée" outre-Manche.

Longtemps épargnée par les agences de notation, la Grande-Bretagne a, à son tour, été privée vendredi 23 février au soir de son prestigieux "triple A" par Moody's.

Abaissant la note d'un cran de Aaa à Aa1, l'agence de notation américaine évoque "la faiblesse continue des perspectives à moyen terme" de la Grande-Bretagne, et dit désormais s'attendre à ce que l'activité économique atone du pays "s'étende à la deuxième moitié de la décennie".

"Plusieurs facteurs se combinent, mais il y a principalement un processus de désendettement du secteur privé et public qui a sans aucun doute étouffé la croissance", a indiqué à l'AFP Sarah Carlson, analyste en chef de Moody's pour la Grande-Bretagne, évoquant également une "inflation élevée" qui pèse sur les ménages.

Selon Moody's, la dégradation de la situation dans la zone euro, un des principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne, a également "eu des retombées négatives" de l'autre côté du Channel.

L'agence de notation s'inquiète également du niveau de la dette britannique et souligne le "défi" posé par l'assainissement budgétaire. "La trajectoire de la dette ne devrait pas s'inverser avant 2016", abonde Mme Carlson.

Rappel à l'ordre

Dans son communiqué, l'agence a toutefois tenu à souligner la solidité de l'économie britannique, "hautement compétitive" et "bien diversifiée" et a relevé de "négative" à "stable" la perspective du pays.

"Le risque de contagion (par la zone euro, ndlr) est limité par la politique monétaire indépendante, et par le fait que la livre sterling bénéficie du statut de monnaie de réserve internationale", souligne Mme Carlson.

Le Royaume-Uni a fait un premier pas vers une nouvelle récession en accusant une contraction de son produit intérieur brut de 0,3% au quatrième trimestre 2012. Si la morosité se confirmait sur les trois premiers mois de l'année, la Grande-Bretagne connaîtrait sa troisième récession depuis le début de la crise financière en 2008.

Après cette annonce, la livre a reculé face au dollar. Mais le gouvernement de David Cameron est resté droit dans ses bottes. "Nous avons droit à un sévère rappel des problèmes de la dette auxquels est confronté notre pays, et l'avertissement le plus clair possible à ceux qui pensent que nous pouvons éviter de traiter ces problèmes. Loin d'affaiblir notre volonté de mener à bien notre plan de redressement de l'économie, cette décision la redouble. Nous n'allons pas tourner le dos à nos problèmes, nous allons les surmonter", a réagi le ministre des Finances George Osborne.

Moody's avait déjà lancé un premier avertissement à Londres il y a tout juste un an.

Londres peut toutefois s'attendre à subir le feu des deux autres grandes agences de notation Standard and Poor's et Fitch, qui accordent toutes deux une note AAA, mais avec des perspectives "négatives". Mi-décembre, S&P avait annoncé qu'elle envisageait de priver le Royaume-Uni de son triple A.

AFP