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Grèce: jusqu'où peut aller la menace Syriza?

Alexis Tsipras, le leader de Syriza

Alexis Tsipras, le leader de Syriza - Angelos Tzortzinis - AFP

L'élection présidentielle s'étant soldée par un échec, ce lundi 29 décembre, des élections législatives en Grèce vont avoir lieu fin janvier. Syriza, le parti de la gauche radicale craint par les marchés, part favori. Avec quel impact pour l'Europe?

Le scénario que redoutaient les marchés est bel et bien en train de se produire. Ce lundi 29 décembre, l'élection présidentielle grecque s'est soldée par un échec. Au terme du troisième tour, le candidat du gouvernement, Stavros Dimas, n'est pas parvenu à rallier suffisamment de voix au Parlement pour être désigné. Conséquence de cet échec, le Premier ministre Antonis Samaras a décidé de convoquer des élections législatives anticipées, le 25 janvier prochain. Ce scrutin a de fortes chances d'acter l'entrée au gouvernement de Syriza, le parti de la gauche radicale, que les sondages donnent favori.

Les marchés refroidis

Une perspective qui a une nouvelle fois refroidi les investisseurs, la Bourse d'Athènes dévissait de près de 4% vers 15h30, tandis que le CAC40 limitait ses pertes (-0,58%). Les marchés redoutent un bras de fer entre la troïka, qui représente les créanciers de la Grèce, et le nouveau gouvernement dans lequel entrerait Syriza. Le leader du parti, Alexis Tsipras, a déjà prévenu lundi qu'il entendait mettre "fin aux politiques de rigueur". De fait, Syriza ne propose pas de sortir de l'euro mais compte renégocier certaines concessions faites par le pays pour bénéficier du plan d'aide internationale. "Syriza veut mener une politique qui est absolument incompatible avec les instructions données par la troïka", résumait l'économiste Jacques Sapir, le 23 décembre dernier sur BFM Business.

Pour les analystes de la banque Berenberg "les probabilités d'une nouvelle crise profonde en Grèce avec une possible sortie de la zone euro sont de l'ordre de 30%".

Vers une contagion à d'autres pays?

De là le mal peut-il ensuite atteindre les autre pays? Jacques Sapir estime que le risque pour l'Italie ou l'Espagne est "évident" car la crise grecque risque de provoquer "une remontée des taux (d'emprunts ndlr)" qui pourrait être "meurtrière" pour l'Italie, dont le taux d'endettement dépasse 120%. De son côté, Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC, est beaucoup plus optimiste. "Le risque de contagion n'est pas inexistant, mais il reste beaucoup plus faible qu'en 2012 car les Européens et la banque centrale européenne ont mis en place des pare-feux pour que la crise soit limitée à un seul pays", rappelle-t-il. Il cite notamment les fonds européens de secours ou encore la promesse faite par la banque centrale européenne de racheter de la dette souveraine.

Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas, tient un discours quasi-identique: "le risque est faible car le problème de la Grèce pourrait se résoudre rapidement. De plus, les institutions ont mis en place les structures nécessaires pour limiter le risque de contagion". Dans tous les cas, le président du Conseil Italien Matteo Renzi a, lui, préféré rassurer lundi en affirmant "exclure un effet de contagion" de la crise grecque à son pays, expliquant que l'Italie et la Grèce sont deux économies très différentes.

Julien Marion