BFM Business
Economie et Social

Grèce: quand Varoufakis joue les rabat-joie

-

- - Louisa Gouliamaki - AFP

Le ministre des Finances grec a exprimé publiquement ses doutes au sujet du programme de rachat d’actifs mis en place par la BCE. Et a également indiqué que son gouvernement était prêt à repousser certaines promesses électorales.

Après avoir posé en famille pour le magazine Paris-Match, Yanis Varoufakis est revenu à des choses bien plus terre à terre, alors que le gouvernement grec entretient toujours des relations compliquées avec ses créanciers. Cela n'a toutefois pas empêché le ministre des Finances d'exprimer ses doutes à propos de l'action de la Banque centrale européenne. Selon lui, le programme de rachat de titres de dette lancé lundi par l'institution va en effet provoquer une bulle sur les marchés, et a peu de chances de relancer les investissements dans la zone euro.

Dans le cadre de ce nouveau programme d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", QE), la BCE prévoit d'acheter pour plus de 1.000 milliards d'euros d'obligations afin de faire remonter juste en-dessous de 2% une inflation aujourd'hui négative dans l'union monétaire.

Les rendements obligataires dans les pays membres de la zone euro se sont effondrés mais la faiblesse des taux d'intérêt des obligations d'Etat n'a pas permis de relancer les investissements, ni de soutenir la croissance dans des pays touchés par la récession comme l'Espagne ou l'Italie.

Varoufakis prévoit "une bulle sur les marchés"

"Le QE est dans toutes les têtes et l'optimisme est de rigueur", a ainsi déclaré Varoufakis lors d'une conférence économique à Cernobbio, dans le nord de l'Italie. "Au risque de jouer les rabat-joie, il me paraît difficile de comprendre comment l'élargissement de la base monétaire de notre union monétaire fragmentée va se transformer d'elle-même en un accroissement substantiel des investissements productifs", a-t-il ajouté. "Le résultat va être de provoquer une bulle sur les marchés qui ne sera pas durable".

Revenant aux discussions entre la Grèce et ses créanciers, Varoufakis a également réaffirmé que son gouvernement était prêt à adapter les mesures anti-austérité promises à un calendrier facilitant les négociations, sur la question du versement de l'aide financière internationale.

"Nous n'avons jamais dit que nous allions revenir sur nos promesses, nous avons dit que nos promesses s'inscrivaient dans le cadre d'un mandat parlementaire de quatre ans", a-t-il précisé. "Elles seront mises en place d'une manière optimale, en accord avec notre position dans les négociations et également en accord avec la situation fiscale de la Grèce", a-t-il poursuivi.

S'exprimant vendredi lors de cette conférence, le ministre grec des Finances avait affirmé être confiant dans l'issue des discussions avec les créanciers internationaux d'ici le 20 avril, échéance prévue par l'accord provisoire du mois dernier avec l'Eurogroupe.

Y.D. avec Reuters