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En Grèce, les rentrées fiscales se font attendre

José Manuel Barroso effectue sa première visite en Grèce depuis le début de la crise en 2009.

José Manuel Barroso effectue sa première visite en Grèce depuis le début de la crise en 2009. - -

José Manuel Barroso arrive, ce jeudi 26 juillet, à Athènes. Il s'agit de la première visite du président de la Commission européenne depuis le début de la crise en 2009. Elle intervient alors que les réformes fiscales, préalables au déblocage de l’aide européenne, n'ont toujours pas été appliquées.

En pleine tourmente de la zone euro, José Manuel Barroso effectue, ce jeudi, sa première visite en Grèce depuis le début de la crise en 2009. Ce déplacement coïncide avec celui de la troïka. Les représentants de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, créanciers d’Athènes, sont chargés de préparer le septième rapport sur les finances grecques. C’est de lui dont dépend le déblocage d’une tranche de 31,5 milliards d’euros de prêt sur les 130 milliards accordés en février.

Parallèlement, le ministère des Finances grec a annoncé, ce jeudi, avoir trouvé 11,6 milliards d’économie sur les budgets 2013 et 2014, après des discussions avec la troïka. Le Premier ministre grec, Antonis Samaras, ne cesse d'ailleurs de réaffirmer qu’il va œuvrer pour respecter les engagements pris envers ses créanciers afin de maintenir le pays dans la zone euro.

Le gouvernement grec réclame du temps

Toutefois, il réclame du temps, car le pays a pris du retard dans ses réformes après avoir traversé une impasse politique pendant plusieurs semaines.

En outre, les principales mesures pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l’Etat hellène, posées comme préalable au déblocage de l'aide européenne, ne sont pas appliquées. Athènes s'est engagé à revoir sa fiscalité de fond en comble. La capitale devait notamment créer un véritable impôt sur la fortune (ISF), augmenter l'impôt sur les sociétés, mettre en œuvre un vaste programme de privatisations.

Mais en mai dernier, le constat de la Commission Européenne était accablant: rien n'a été fait sur l'ISF et de nombreuses niches fiscales très avantageuses subsistent pour des secteurs entiers, notamment celles qui concernnt les armateurs.

Les PME grecques au bord de l'asphyxie

Pendant ce temps, l’économie grecque continue de se dégrader. Une étude, publiée mercredi, montre que les petites et moyennes entreprises grecques sont au bord de l’asphyxie. Au premier semestre 2012, neuf PME sur dix ont connu la pire détérioration de leur situation financière depuis le début de la crise.

Et la situation ne devrait pas s’arranger, le Premier ministre grec table sur une récession de plus de 7% pour cette année. Elle devrait engendrer d'importantes moins-values fiscales qui vont plomber les finances de l'Etat.

Aujourd'hui, le nouveau gouvernement cherche à rassurer les créanciers mais la tâche est rude. Le seul signal positif vient peut-être de l'église orthodoxe, très puissante et exonérée d'impôt, elle pourrait payer elle-même le salaire des prêtres, ce qui soulagerait l'Etat.

Quoi qu'il en soit, les objectifs budgétaires que s'était fixé Athènes seront quasiment impossibles à tenir. C'est un cercle vicieux, en pleine récession, le moindre durcissement fiscal peut aggraver la situation. Et en même temps, sans rentrée fiscale supplémentaire, la Grèce se rapproche dangereusement de la faillite.

Mathieu Jolivet et BFMbusiness.com