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Guerre commerciale: la cinglante réponse du président chinois aux coups de pression de Trump

Le président chinois Xi Jinping n'a pas peur d'une guerre commerciale

Le président chinois Xi Jinping n'a pas peur d'une guerre commerciale - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Discret jusqu'alors, Xi Jinping a dénoncé sans ambages les exigences de Washington et s'est dit prêt à une nouvelle escalade.

Les espoirs de signature avant la fin de l'année d'un accord préliminaire entre la Chine et les Etats-Unis sont à nouveau douchés. Après les dernières déclarations de Donald Trump accusant ses interlocuteurs chinois de ne pas "faire leur part", le président Xi Jinping est monté publiquement au créneau. Initiative assez rare de la part du chef de l'Etat, qui illustre le regain de tension entre les deux pays.

Et le ton n'est pas à l'accalmie ni à la diplomatie. Au Palais du peuple, l'immense siège du parlement chinois à Pékin, face à un aréopage de personnalités étrangères, dont l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, Xi Jinping a asséné: "Nous ne voulons pas déclencher une guerre commerciale, mais nous n'en avons pas peur". 

"Les Chinois ne bougeront pas"

"Nous répliquerons si nécessaire", a-t-il prévenu, alors que les Etats-Unis menacent d'imposer de nouvelles sanctions commerciales aux produits chinois le 15 décembre si un accord préliminaire n'est pas trouvé d'ici là.

Chinois et Américains ont convenu le mois dernier d'aboutir à un accord préliminaire, ou phase 1, aux termes duquel Washington renoncerait à de nouvelles sanctions, tandis que Pékin achèterait massivement des produits agricoles à l'oncle Sam.

Selon le Wall Street Journal, Pékin a invité les négociateurs américains à se rendre en Chine pour une nouvelle série de discussions, mais ces derniers exigeraient au préalable que le régime communiste s'engage à des concessions. Au-delà d'un éventuel accord préliminaire, Washington exige de la Chine des réformes structurelles: que Pékin s'engage à ne plus subventionner ses entreprises publiques, ouvre ses marchés publics aux entreprises étrangères et cesse d'obliger ces dernières à accorder des transferts de technologies.

Sans évoquer directement ces exigences, Xi Jinping a laissé entendre que son régime ne se laisserait rien imposer. Il a promis que le pays poursuivrait sa politique de "réforme et d'ouverture" mais qu'il le ferait avec prudence, "comme quand on met le pied sur des pierres en traversant la rivière". La Chine "est un grand pays, elle est comme un paquebot", a-t-il observé. "Nous ne pouvons pas nous permettre de faire des erreurs. Si un paquebot comme la Chine chavire, on ne pourra pas le remettre à flot".

Mis en garde contre les "humiliations"

Dans le processus d'ouverture économique de la Chine, "la condition préalable est que la souveraineté financière de notre pays soit garantie", a-t-il lancé, avant de mettre en garde contre un retour aux "humiliations" de l'époque des concessions étrangères.

"Ce que nous voulons, c'est rétablir notre rôle et notre place dans le monde et ne pas revivre l'humiliation de l'ère semi-coloniale", a-t-il martelé. "Cette époque ne reviendra pas".

Selon l'économiste Diana Choyleva, du cabinet Enodo Economics, les propos du président chinois "confirment que les Chinois ne bougeront pas" dans la négociation. "Le style de négociation de Donald Trump et le manque de confiance qu'il a instauré (...) ont convaincu (Xi Jinping) que rien ne sert de faire des concessions", estime-t-elle.

OC avec AFP