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Guerre commerciale: négociations prolongées entre chinois et américains

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- - MANDEL NGAN / AFP

Les négociations vont finalement se prolonger jusqu'à dimanche à Washington. Le président américain estime qu'il y a de très bonnes chances de parvenir à un accord. Les bourses terminent en hausse.

Le président américain partage sont optimiste depuis plusieurs semaines déjà. Une nouvelle fois ce vendredi, depuis le Bureau Ovale, le président américain a évoqué « de très bonnes discussions avec la Chine » et estime qu'il y a de « très bonnes chances de parvenir à un accord » pour mettre fin au conflit commercial qui oppose les deux puissances.

Preuve d'avancées dans les discussions, Donald Trump prévoit de rencontrer prochainement son homologue chinois dans sa résidence privée de Mar-a-Lago en Floride pour régler les points les plus épineux. Une rencontre qui devrait se dérouler courant mars. En attendant, chinois et américains, qui négocient depuis mardi dans la capitale américaine, ont décidé de prolonger leurs discussions de deux jours, jusqu'à dimanche.

L'optimisme du président américain semble partagé par Pékin. Liu He, vice-Premier ministre et principal négociateur de Pékin, assure ainsi que « du côté Chinois nous ferons tout notre possible » pour arriver à une résolution. De son côté le président Xi Jinping dit espérer que les discussions se poursuivront dans une atmosphère de « respect mutuel, de coopération » et dans un esprit « gagnant-gagnant » pour aboutir à un accord « mutuellement bénéfique ». « Je suis prêt à garder un contact étroit avec le président par différents moyens », a ainsi écrit Xi Jinping, selon la télévision officielle chinoise.

Un accord conclu « sur la monnaie »

Pas de détails concrets en revanche sur les points d'accord ou d'achoppement entre les deux parties. Le président américain a simplement affirmé qu'un accord avait été conclu « sur la monnaie », sans donner plus de détails. Mais les autorités américaines se plaignent depuis longtemps du niveau du renminbi, la monnaie réelle, qui selon eux donne un avantage aux exportations chinoises.

Le négociateur en chef américain, Robert Lighthizer a pour sa part affirmé que d'importants progrès avaient été réalisés sur l'épineuse question des transferts forcés de technologie pour les entreprises américaines travaillant en Chine. Outre le transfert de technologie, les Etats-Unis reprochent à la Chine d'autres pratiques commerciales jugées déloyales, et réclament des réformes structurelles pour y mettre fin.

Donald Trump veut aussi une réduction drastique de l'énorme déficit commercial de plus de 330 milliards de dollars avec la Chine. Washington réclame également le respect des droits de propriété intellectuelle, la fin du piratage informatique et la levée de barrières non tarifaires, comme par exemple les subventions publiques.

Le temps est compté: il reste une semaine avant l'expiration de la date butoir du 1er mars et la mise en oeuvre par Washington de nouveaux tarifs douaniers de 25% sur 200 milliards de dollars de produits chinois importés, actuellement taxés à 10%. Donald Trump a toutefois laissé entendre qu'il pourrait accorder un délai supplémentaire aux négociateurs.

Selon les experts, si la Chine peut s'engager facilement à acheter plus de produits américains, il est plus difficile pour Pékin de procéder aux autres réformes réclamées par les Etats-Unis, qui exigent aussi un véritable mécanisme de contrôle de l'application d'un éventuel accord.

Selon un tweet du ministre américain de l'agriculture, Sonny Perdue, les Chinois se sont engagés dans le Bureau Ovale à acheter 10 millions de tonnes de soja supplémentaires. Il veut y voir « un geste de bonne volonté » des négociateurs Chinois.

Les marchés boursiers et les milieux d'affaires ne sont pas les seuls à suivre les négociations de très près. La directrice générale du FMI Christine Lagarde surveille également les discussions avec attention. « Je croise les doigts tous les matins et mes doigts de pieds tous les soirs parce que j'espère que cela va se terminer par un moyen de réparer la mécanique et non de la détruire, parce que je suis convaincue que le système a besoin d'être réparé », a-t-elle déclaré à l'émission de radio publique américaine Marketplace.

La Banque centrale américaine a pour sa part rappelé ce vendredi qu'une intensification des tensions commerciales constituait un risque pour l'économie américaine et mondiale.

Les bourses portées par l'espoir d'un accord commercial

Rien n'est fait. Rien n'est signé. Il reste encore du chemin à parcourir mais un vent d'optimisme souffle déjà sur les marchés. Ainsi, la Bourse de New York a fini vendredi en hausse dans le sillage des marchés européens.

L'indice Dow Jones a gagné 181,18 points, soit 0,70%, à 26.031,81 points, passant la barre des 26.000 pour la première fois depuis le 9 novembre. Le S&P-500 a lui pris 17,79 points, soit 0,64%, à 2.792,67, son plus haut niveau de clôture depuis le 8 novembre. Le Nasdaq a pour sa part avancé de 67,84
points, soit 0,91% à 7.527,55 points. Au total, sur la semaine, le S&P a pris 0,62%, le Dow Jones 0,57% et le Nasdaq 0,74%.

Même tendance sur les places européennes. À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,38% à 5.215,85 points. Le Footsie britannique a pris 0,16% et le Dax allemand a gagné 0,3%.

L'espoir d'un accord commercial a également porté les cours du pétrole à des pics de trois mois sur le marché new-yorkais. Le Brent a ainsi atteint en séance un plus haut depuis mi-novembre à 67,73 dollars le baril avant de s'apaiser pour finir en hausse de cinq cents à 67,12 dollars. Le WTI a lui gagné 30 cents, soit 0,53%, à 57,26 dollars le baril.

Sandrine Serais