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Hélène Carrère d'Encausse: "la Russie est déçue par l'Union européenne"

Hélène Carrère d'Encausse était l'invitée d'Hedwige Chevrillon ce lundi 3 juin 2013.

Hélène Carrère d'Encausse était l'invitée d'Hedwige Chevrillon ce lundi 3 juin 2013. - -

L'historienne et secrétaire perpétuelle de l’Académie Française était l'invitée d'Hedwige Chevrillon, lundi 3 juin, sur BFM Business. Elle a décrypté les choix du président russe, Vladimir Poutine.

Un sommet Russie-Union européenne se tient les 3 et 4 juin en Russie. Un rendez-vous qui devrait être dominé par les thèmes de l'énergie et de la Syrie. Mais pour Helène Carrère d'Encausse, sur BFM Business ce lundi 3 juin, le président russe n'attend rien de ces discussions.

"La Russie est déçue par l'Union européenne", explique l'historienne, "parce qu'elle n'est pas un acteur majeur de la vie internationale". C'est pourquoi Vladimir Poutine, dans le champ européen, privilégie "la relation bilatérale, d'Etat à Etat". Le débat sur la Syrie en offre un exemple flagrant.

Dans ce dossier, à propos de l'aide fournie à Bachar el-Assad, Hélène Carrère d'Encausse temporise. "Vladimir Poutine prend en compte tout ce qui s'est passé", explique l'académicienne. A savoir "les printemps arabes" dont "les évolutions inquiètent le monde entier", tout comme la prochaine "évacuation de l'Afghanistan" qui fait frémir toute l'Asie centrale, ou encore "la guerre de Libye, à laquelle la Russie n'avait pas mis de véto mais sur laquelle elle estime avoir été dépassée".

Eviter des remous dans le monde musulmans

Sa position s'apparente, en fait, à de la "prudence". L'attitude de Moscou peut se lire à travers sa situation géographique. Le pays est "à la périphérie des pays musulmans, avec une large communauté musulmane dans ses frontières, mais qui n'est pas du tout radicale", relève l'historienne.

La Russie veut éviter "des remous considérables dans le monde musulman", ajoute-t-elle. Et elle voit la Syrie comme "le pays le plus stable du Moyen Orient, quelle que soient les tragédies qui s'y déroulent". Mais il ne faut pas se méprendre, prévient l'historienne: la Russie ne se préoccupe pas de Bachar el-Assad, elle qui "a pour habitude de laisser tomber ses alliés quand nécessaire".

Sur le plan de la politique intérieure, la "société russe n'est plus celle d'il y a vingt ans", note l'académicienne. "Elle s'affirme, elle défile quand elle a quelque chose à dire". Une situation face à laquelle "Vladimir Poutine est un peu désemparé, se voit obligé de composer". Ce qu'il fait, selon l'historienne.

Sa réponse à la protestation peut paraître dure. Vis-à-vis des Pussy Riot par exemple. Mais Hélène Carrère d'Encausse affirme que ces demoiselles "ne sont pas populaire en Russie". "Si elles avaient défilé devant le Kremlin, elles auraient eu le soutien de la population. Mais leur action, dans une église, jugée peu civilisée, n'a pas convaincu".

N.G. et BFM Business