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Honda ferme son usine anglaise, à 6 semaines du Brexit

Roporter devant l'usine Honda de Swindon, en GB, après l'annonce de sa fermeture, d'ici à 2021.

Roporter devant l'usine Honda de Swindon, en GB, après l'annonce de sa fermeture, d'ici à 2021. - ADRIAN DENNIS / AFP

Honda va fermer son usine de Swindon, en Angleterre, d'où sortent plus de 10% des véhicules fabriqués outre-Manche. 3500 emplois sont menacés. Un coup dur pour le Royaume-Uni à moins de six semaines du Brexit.

« Une décision terrible pour Swindon et le Royaume-Uni. » Le ministre britannique des Entreprises, Greg Clarg, a accusé le coup ce mardi après la confirmation de Honda de fermer son usine anglaise. Lot de consolation : le siège européen du groupe restera en Grande-Bretagne, a précisé la direction du constructeur nippon dans un communiqué.

Au Royaume-Uni depuis plus de 30 ans

Honda avait été l'un des premiers constructeurs japonais à s'installer en Grande-Bretagne, il y a plus de 30 ans, en 1989. Beaucoup d’autres l'avaient ensuite imité : l’environnement du Royaume-Uni, gouverné alors par Margaret Thatcher, était jugé favorable aux affaires et offrait un accès au continent grâce à l'Union européenne.

Aujourd’hui, le constructeur nippon invoque « la réorganisation de ses opérations mondiales face au défi de l'électrisation » et assure que sa décision n'a rien à voir avec le Brexit. « Ce n'est pas le Brexit, mais le choix du principal lieu de production de la prochaine Civic qui a présidé à cette décision », a insisté le directeur général de Honda, Takahiro Hachigo, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

Le Brexit freine les investissements

Cette décision est un coup dur pour le gouvernement britannique, qui cherche à rassurer les investisseurs et à démontrer que le Royaume-Uni reste attractif, malgré le Brexit. Début février, un autre constructeur japonais, Nissan, avait suscité la stupeur en renonçant à produire le crossover X-Trail, dans son usine de Sunderland (nord-est de l'Angleterre), évoquant alors indirectement le Brexit. Fin janvier, Airbus avait averti de décisions « très douloureuses » en cas de Brexit sans accord, une mise en garde également exprimée par le Premier ministre nippon, Shinzo Abe. De fait, plusieurs entreprises japonaises de différents secteurs, comme Panasonic, Sony, Toshiba ou Hitachi, ont décidé de réduire leur présence, à des degrés divers, en raison des craintes liées au flou du Brexit.

Pour de nombreux experts, les incertitudes liées à la sortie de l'Union européenne dissuadent en effet les entreprises de faire de nouveaux investissements. Que le Brexit soit à l'origine ou non de ces décisions, existe de manière générale « une méfiance envers la Grande-Bretagne elle-même », estime Yosuku Tsuchida, un chercheur de Mitsubishi UFJ Research and Consulting, cité par l’AFP. « Son économie, sa politique et sa société sont dans le désarroi », lance-t-il.

Accord commercial UE-Japon

Par ailleurs, le nouvel accord commercial signé entre le Japon et l'UE, qui va entraîner la levée des droits de douanes d'ici 7 ans, incite les constructeurs nippons à relocaliser leur production et assembler leurs véhicules au Japon. Ironie de l'histoire : le Japon est sur le point d’avoir un accès privilégié au marché unique européen, alors que le Royaume-Uni, selon le type de Brexit qui sera choisi, risque de perdre le sien.

Delphine LIOU avec AFP et Reuters