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Hong Kong: ce redoutable écosystème de la finance mondiale

L’ancienne colonie britannique représente aujourd’hui 60% des investissements étrangers chinois.

L’ancienne colonie britannique représente aujourd’hui 60% des investissements étrangers chinois. - Pixabay

Le pouvoir central chinois a beau menacer de réprimer les manifestations pro-démocratiques qui se tiennent depuis des semaines à Hong Kong, il n’en demeure pas moins qu’il a besoin de ce territoire, troisième place boursière du monde.

Il fut un temps où l’ex-colonie britannique, rétrocédée à Pékin en 1997, aurait pu se retrouver sur la liste noire des paradis fiscaux. Et puis « non ». Sous la pression chinoise, l’Europe avait finalement accepté de ne pas l’ajouter. Notamment parce que l’Empire du Milieu a encore incontestablement financièrement besoin de ce territoire semi-autonome qui fait partie des « régions administratives spéciales » (RAS) de la République populaire de Chine.

Petit mais costaud

De fait, l’ancienne colonie britannique : c’est aujourd’hui 60% des investissements étrangers chinois. Une concentration qui a fait de Hong Kong un haut lieu de la finance internationale à l’efficacité redoutable. Pour quelles raisons ? Parce que si petit soit-il, le territoire possède non seulement les meilleurs banquiers d’affaires du monde, mais également les juristes et autres conseils en gestion d’actifs les plus pointus. L’ancienne colonie n’a donc pas déméritée son statut de place boursière de renom. Là-bas, les services financiers représentent quasiment 92% du PIB avec une richesse par habitant qui se veut presque deux fois supérieure à celle de la France.

En outre, l’ex-colonie britannique fait partie des économies les plus ouvertes du monde. Preuve en est : en matière d’investissements directs étrangers, elle se hisse juste derrière les Etats-Unis. Aujourd’hui, pas moins de 450 sociétés dirigées par des Français ou bien à capitaux français y sont implantées. Sont également présentes, 307 filiales de groupes tricolores. Forte de ses 30 000 ressortissants français, cette région administrative très spéciale est devenue, au fil des ans, une sorte de petit Paris asiatique.

« Common law » vs Parti communiste

L’autre avantage d’Hong Kong, c’est qu’elle dispose d’un cadre juridique qui s’inspire de celui du « common law » britannique et qui s’avère à l’exact opposé des ordres du Parti communiste local. A la différence du yuan, la monnaie hongkongaise (le dollar) est librement convertible et non accessoirement adossée au dollar américain.

En matière de régime fiscal, le territoire est aussi particulièrement attractif tant pour les entreprises que pour les particuliers. Et pour couronner le tout, Hong-Kong est, pour rappel, l’une des deux seules places offshore d’Asie avec Singapour.

Interdépendance

Aucune restriction sur les mouvements de capitaux, système de taxes simplifié au possible (il n’y en a ni sur les dividendes, ni sur les gains financiers, ni même sur l’impôt sur les successions)… Bref, on comprend mieux pourquoi, à bien des égards, Hong Kong pourrait être considérée comme un petit paradis fiscal.

Sauf qu’à trop réprimer l’ancienne colonie britannique, le pouvoir central chinois risque de perdre gros. Les économistes le savent : aujourd’hui, Hong Kong a autant besoin de la Chine que la Chine de Hong Kong. Une interdépendance qui fait de ce territoire semi-autonome un lieu essentiel pour l’économie chinoise en tant que place offshore.

Vingt-deux ans après sa rétrocession à Pékin, Hong Kong apparaît donc toujours comme la soupape d'une économie chinoise ultra-contrôlée. Bien sûr, le pouvoir central chinois le sait. Il n’empêche que lorsque les manifestations atteignent leur paroxysme, Pékin voit rouge et n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde.