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Horizon chargé pour Toyota

Toyota, malgré une bonne résistance opérationnelle, va devoir affronter des menaces sérieuses ces prochains mois, notamment le Brexit.

Toyota, malgré une bonne résistance opérationnelle, va devoir affronter des menaces sérieuses ces prochains mois, notamment le Brexit. - YOSHIKAZU TSUNO / AFP

Le géant japonais de l'automobile a publié des résultats en fort repli et abaisse ses prévisions annuelles. Le marché américain et le Brexit inquiètent.

La base de comparaison était nécessairement défavorable, après des performances 2017-2018 record. Mais la baisse des performances financières de Toyota sur un an retient forcément l'attention. Un bénéfice net 9 mois en repli de 29%, et même - 80% sur le seul 3ème trimestre écoulé. Du coup le groupe revoit à la baisse ses prévisions annuelles, passant d'une projection de bénéfice de 18 à 15 milliards d'euros. Une chute de 25% par rapport à l'exercice précédent, et un camouflet pour le constructeur qui les avait pourtant relevées il y a quelques mois.

Beaucoup d'éléments défavorables expliquent ces mauvais chiffres et ce profit warning. Sur un an, Toyota a été confronté à une forte baisse de ses participations dans d'autres sociétés cotées, comme le constructeur Subaru, aux prises avec des affaires d'irrégularités dans ses contrôles de qualité (affaire comparable à celle qui a touché Nissan).

Belle résistance opérationnelle

Toyota a également dû prendre en compte l'effet de base lié à la réforme fiscale Trump, qui avait gonflé ses précédents résultats annuels, comme celle de toute entreprise productrice sur le sol américain. Effet qui ne se sent plus aujourd'hui. 

Hormis ces éléments exceptionnels, Toyota peut légitimement souffler. Ses performances fondamentales restent relativement bonnes, et son bénéfice opérationnel grimpe même de 9,5%. Malgré des marchés européen et asiatique qui ont tendance à décliner, les ventes du constructeur y grimpent de 3%. Une performance supérieure à celle de ses concurrents, comme Honda ou Mitsubishi, remarquent les analystes.

Impact incontrôlable du Brexit

Mais le marché américain donne des signes de faiblesse, malgré une bonne résistance des ventes de SUV et de pick-up. La dégradation des tendances fait dire à Toyota que le marché s'annonce tout juste stable sur cette zone pour l'ensemble de l'année. Et peu de signes d'amélioration en vue pour le moment.

Et ce n'est pas la seule menace à l'horizon pour Toyota, qui redoute une prolongation du climat de guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine, le déclin démographique au Japon, ainsi qu'un élément totalement incontrôlable, à savoir le Brexit. « Nous nous préparons le mieux possible, mais l'impact est inévitable », déplorent les responsables de Toyota.

Production en flux tendu

Le constructeur y produit près de 150 000 véhicules par an, notamment dans son usine locale de Burnaston, à une cadence soutenue et en flux très tendu. Toyota, selon sa méthode maison, produit et livre au plus juste pour répondre à la demande. Un système de production qui serait évidemment totalement bouleversé en cas de Brexit sans accord, dans l'hypothèse de nouvelles procédures douanières plus longues et plus contraignantes.

« Nous avons des stocks de pièces pour 4 heures de production seulement dans notre usine » dit Toyota. Tout bouleversement lié à un éventuel Brexit sans accord ruinerait évidemment le processus industriel du constructeur. D'autant qu'il exporte 85% de sa production britannique vers l'Europe continentale.

Toyota mise sur sa maîtrise serrée des coûts, sa politique commerciale et l'essor toujours plus impressionnant des modèles électrifiés pour bien finir son exercice fiscal et poursuivre sur sa lancée sur des bases plus saines. Mais malgré ses atouts, l'ex-numéro 1 mondial de l'automobile (actuellement numéro 3) va devoir affronter du gros temps et une concurrence plus rude sur la plupart de ses marchés.