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Investissements étrangers : Berlin serre la vis

Le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, devant la Fédération des industries allemandes (BDI) en septembre 2018.

Le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, devant la Fédération des industries allemandes (BDI) en septembre 2018. - JOHN MACDOUGALL / AFP

L'Allemagne renforce son contrôle des investissements étrangers sur les entreprises jugées sensibles. Dans le viseur de Berlin : les investissements chinois. Une mesure controversée.

L’Allemagne veut davantage protéger ses entreprises stratégiques. Berlin a donc durci ce mercredi son contrôle sur les investissements non européens, en adoptant un décret qui ramène de 25 à 10% le seuil permettant au gouvernement de bloquer une OPA étrangère. Il a également élargi la liste des secteurs jugés sensibles, comme la défense, les transports ou l'énergie mais aussi les médias ou l’eau potable.

La Chine visée

Le projet a pour objectif de surveiller de près « les infrastructures sensibles », pour voir « qui les achète et avec quelles conséquences », a expliqué le ministre conservateur de l'Économie, Peter Altmaier. L'exercice est délicat pour l'Allemagne qui souhaite préserver son attractivité tout en investissant elle-même à l'étranger.

Sans jamais être nommée, c’est la Chine qui est visée par ce décret. Pékin montre en effet un appétit croissant pour les PME et les ETI du Mittelstand. Le ministère chinois des Affaires étrangères a d’ailleurs mis en garde ce mercredi contre ces « signaux erronés envoyés au monde (...) dans un contexte où le protectionnisme s'exacerbe ».

L'industrie allemande s'inquiète

Ce durcissement du contrôle inquiète aussi les industriels allemands : « une réduction du seuil d'examen de 25% à 10% pose problème » et constitue « un signal négatif envoyé à nos partenaires étrangers », a souligné Volker Treier, le directeur des affaires internationales à l'Assemblée allemande des chambres de commerce (DIHK). « L'Allemagne doit rester ouverte aux investisseurs étrangers » a déclaré la Fédération des industries allemandes (BDI).

En guise de réponse, Peter Altmaier a répondu que depuis 2004, environ 80 à 100 investissements extra-européens par an, portant sur plus de 25% du capital d'une entreprise allemande, ont été passés à la loupe sans jamais faire l'objet d'un veto ». L’Allemagne reste « l'un des lieux d'investissement les plus ouverts au monde » a-t-il ajouté.

Delphine Liou avec AFP et Reuters