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Italie : le pari à très haut risque de Mario Monti

Mario Monti devrait démissionner avant la fin de l'année

Mario Monti devrait démissionner avant la fin de l'année - -

Face à la décision du parti de Sylvio Berlusconi de lui retirer sa confiance, "Super Mario" a décidé de démissionner. Et mise sur son bilan pour être renommé au lendemain des législatives de février. Sauf que les résultats de sa politique se font attendre.

Le président du Conseil italien va donc quitter son fauteuil avant la fin décembre, une fois le budget 2013 voté. Mario Monti a pris cette décision après que Sylvio Berlusconi a annoncé, le week-end dernier, 10 décembre, son sixième retour sur la scène politique et sa volonté de succéder à Monti. Du coup, les élections législatives prévues pour le printemps 2013 devraient finalement se dérouler à la mi-février.

Mario Monti va quitter la présidence du Conseil après un peu plus d'un an de présence à la tête d'un gouvernement de "techniciens" nommés pour sortir le pays de la quasi-faillite. Son secret espoir est d'être à nouveau appelé par le président italien à former un nouveau gouvernement, fin février, une fois les élections passées, pour éviter le retour du "Cavaliere".

Mais le pari de Mario Monti est loin d'être gagné. Si sa cote à l'international est au plus haut, l'opinion publique italienne n'adhère pas à la politique de redressement des comptes publics suivie par le "Professore".

Les taux remontent

A son actif, Mario Monti peut naturellement avancer le rétablissement de la confiance internationale en l'Italie. D'ailleurs, dès vendredi 7 décembre, à l'annonce de la nouvelle crise politique qui pointe, l'écart de taux de référence à dix ans avec l'Allemagne est remonté à 325 points.

Ce retour de la confiance jusqu'à ces derniers jours est bien-sûr lié au rétablissement des comptes italiens entrepris par "Super Mario": baisse des dépenses publiques, hausse des impôts, réformes structurelles du marché du travail. Le président du Conseil a également engagé une réforme des structures administratives italiennes, encore plus complexes que les françaises.

Sauf que toutes ces réformes n'ont pas rendu Monti populaire dans son pays et auprès de la classe politique transalpine. Le chouchou des marchés internationaux s'est fait beaucoup d'ennemis et a gagné peu de soutiens.

Or, les résultats de sa cure d'austérité se font attendre. Au contraire, le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté de 700 000 personnes en un an. La classe moyenne s'estime sacrifiée dans un pays où elle joue un rôle central. Sylvio Berlusconi va naturellement surfer sur cette vague de mécontentement.

Mario Monti, misait, lui, sur un retour de la croissance au second semestre 2013 pour desserrer l'étau de la rigueur et montrer aux Italiens que leurs efforts allaient être récompensés. Cela sera sans doute trop tard pour lui.

Patrick Coquidé