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Italie: Salvini met un point final à une coalition à bout de souffle

Le vice-président du conseil et ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini.

Le vice-président du conseil et ministre de l'Intérieur italien, Matteo Salvini. - Andreas Solaro - AFP

Le pays plonge de nouveau dans l’incertitude après cette décision brutale de l’homme fort du pays. Les dissensions avec le Mouvement 5 Etoiles rendaient néanmoins la fin inévitable.

C’est peu dire que Matteo Salvini a pris tout le monde de court. Ce jeudi, le ministre de l'Intérieur italien, et homme fort de la coalition au pouvoir, débutait une « tournée des plages » dans le sud du pays, aux premiers jours de la relâche estivale des parlementaires.

Finalement, c’est une petite bombe politique qu’il a lâché dans un communiqué. « Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité (...) et restituons rapidement la parole aux électeurs » explique-t-il. Un peu plus tard, dans un meeting à Pescara, il a précisé sa pensée : « On nous dit qu'on ne peut pas réduire les impôts. Nous prouverons, si vous nous donnez la force de le faire, qu'il est possible de réduire les impôts aux travailleurs italiens. »

De facto, il met un terme à la coalition de son parti (la Ligue) avec le parti populiste Mouvement 5 Etoiles, dirigé par Luigi di Maio. Ce dernier, pris au dépourvu, n’a pas caché sa colère, accusant Salvini de « faire passer les sondages en priorité et ses propres intérêts devant les intérêts du pays ».

D'accord sur rien

Mais l’implosion de la coalition n’est finalement pas une surprise. Si les forces politiques étaient équilibrées lors des élections législatives, le Mouvement 5 Etoiles a rapidement été écrasé par la personnalité de Matteo Salvini, sur tous les fronts. Surtout, les deux partis s’étaient mis d’accord sur une chose : ils ne s’entendaient sur rien. Le plan de sauvetage d'Alitalia ? Opposition frontale. Le déficit public ? Les deux dirigeants n’ont même pas la même approche. Le TGV Lyon Turin ? Di Maio n’en veut pas mais Salvini l’a acté. C'est ce dernier dossier qui a fini par mettre le feu aux poudres.

Le chef du gouvernement Giuseppe Conte, furieux, a estimé que Salvini devait « expliquer et justifier » sa décision, alors que les arbitrages lui ont été clairement favorables. « Ce n’est pas du ressort du ministre de l’intérieur de convoquer le parlement, ce n’est pas à lui de dicter les étapes de la crise politique » a-t-il critiqué.

Après un an de cohabitation, le mariage (un peu forcé) se termine donc cet été. Pour quelle suite ? Des élections sans doute, mais quand et avec quel gouvernement? Un exécutif technique pour mener le pays au scrutin? Ou avec le gouvernement actuel expédiant les affaires courantes dans l'attente du vote ?

Les médias italiens affirment que les élections devraient se dérouler courant octobre. Et la Ligue de Salvini sera le parti le mieux placé pour obtenir une majorité. Les dernières élections européennes ont été humiliantes pour Luigi di Maio, dont la liste n’a réuni que 17 % des voix, contre 35% pour la Ligue.

La rédaction avec AFP