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Jaguar-Land Rover fait sombrer Tata Motors

Malgré le lancement réussi de modèles électrifiés, comme le Jaguar I-Pace, Jaguar-Land Rover doit affronter la chute du diesel et du marché chinois. Sans même parler du Brexit...

Malgré le lancement réussi de modèles électrifiés, comme le Jaguar I-Pace, Jaguar-Land Rover doit affronter la chute du diesel et du marché chinois. Sans même parler du Brexit... - Mark RALSTON / AFP

La maison-mère du constructeur a perdu jusqu'au tiers de sa capitalisation boursière ce vendredi, sur fond de difficultés persistantes sur le diesel et le marché chinois.

-30%. C'est une correction boursière en séance sans précédent qu'a subie Tata Motors à l'ouverture des marchés. Mais elle est à la hauteur de l'annonce. Le groupe a dû revoir drastiquement à la baisse la valorisation de Jaguar-Land Rover dans ses comptes, annonçant une dépréciation de 3,5 milliards d'euros. C'est bien plus que ce que le groupe avait dépensé pour acquérir le constructeur britannique il y a 8 ans auprès de Ford (autour de 2 milliards d'euros)...

Mais la dure réalité du marché automobile mondial est en train de rattraper Jaguar-Land Rover, dont la valorisation flirtait avec les 13 milliards d'euros il y a encore 6 ans. Malgré beaucoup d'efforts de soutien de la part de la maison-mère, et des initiatives pour améliorer la trésorerie, le constructeur affiche des performances fondamentales en recul, avec une baisse de 6,4% de ses ventes sur le dernier trimestre à 7,1 milliards d'euros, et une perte de quasiment 4 milliards d'euros avant impôts.

Au-delà du spectre du Brexit

Et encore, dans son constat, Tata Motors ne fait même pas allusion au spectre d'un Brexit sans accord, qui reste le point noir de sa filiale britannique depuis quelques mois. La maison-mère, dans son communiqué, déplore déjà un ensemble de tendances défavorables. Et en premier lieu, la mauvaise santé du marché chinois, qui poursuit sa correction, et où l'ombre de la guerre commerciale plane encore.

Mais au-delà, Jaguar-Land Rover juge préoccupantes également les tendances sur le marché européen et son marché domestique, la Grande-Bretagne. Le facteur-clé restant là aussi la très forte baisse de la demande de motorisations diesel, qui constitue l'écrasante majorité (plus de 80%) des ventes du constructeur, particulièrement les SUV et 4x4 qui font sa réputation.

L'électrique au relais du diesel

Sur un marché européen où les ventes de diesel auront reculé de 17%, et même de 30% sur le marché britannique en 2018, Jaguar-Land Rover semble condamné à des mesures drastiques pour rapidement se retrouver dans la bonne tendance. Cela a commencé par la suppression de 4.500 postes (10% des effectifs), annoncée en tout début d'année. 

Cela passera par l'accélération de l'électrification de la gamme, Jaguar ayant marqué un point décisif dans l'industrie avec le lancement de son SUV 100% électrique Jaguar IPace, qui connaît un excellent démarrage. Land Rover prend progressivement le relais des motorisations diesel en proposant de plus en plus de modèles hybrides rechargeables également. Des modèles électrifiés qui, sur certaines zones géographiques, constituent désormais plus de 50% des ventes du constructeur.

Course contre la montre

Mais la vitesse à laquelle le marché du diesel se retourne est sans doute le problème numéro 1 de Jaguar-Land Rover pour les mois à venir. Car il n'est pas qu'un problème strictement européen, le marché chinois étant sans doute, lui aussi, à l'aube d'une nouvelle salve de décisions en matière de pollution et de restrictions de circulation.

Tata Motors a annoncé qu'un plan de réduction des coûts et d'amélioration de la trésorerie allait être mis en place chez Jaguar Land Rover, en attendant que la transition vers des modèles moins polluants et de plus en plus électrifiés puisse se lire dans les chiffres de vente et le carnet de commandes. Et d'ici là, la date du Brexit reste dans toutes les têtes, comme le nuage le plus sombre sur un horizon déjà très chargé.