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Janet Yellen, le compromis idéal pour diriger la Fed

Janet Yellen n'a pas fait une intense campagne pour défendre sa candidature.

Janet Yellen n'a pas fait une intense campagne pour défendre sa candidature. - -

L'actuelle vice-présidente de la Réserve fédérale a été nommée, ce mercredi 9 octobre, à la tête de l'institution américaine. Rigoureuse, sérieuse et discrète, son profil a fait consensus.

A la mi-août, un universitaire américain, Amar Bhidé, a rédigé une tribune dans le New York Times, réclamant le retour d'un dirigeant "ennuyeux" pour la Fed, la Réserve fédérale de New York, et "humble".

Cela tombe bien, Janet Yellen semble être tout sauf une adepte d'un lobbying personnel effréné. Il y a deux mois, l'agence Bloomberg a rapporté le contenu de ses agendas officiels de 2011, 2012 et début 2013. Il n'y a eu en tout et pour tout que deux rencontres en tête à tête avec des membres de Congrès.

On peut considérer que la désormais ex-vice-présidente de la Réserve Fédérale veille à l'indépendance de son institution. On peut aussi penser qu'elle ne mêle pas les genres.

Une scientifique de haut niveau

Son principal concurrent pour le poste, Larry Summers, a fréquenté tout ce que la Maison-Blanche et le Capitole compte de conseillers officiels et officieux. Larry Summers, ancien ministre des finances du président Clinton, a mené une campagne systématique au Sénat. Sans que cela aboutisse pour autant. Pendant ce temps-là, Janet Yellen a laissé ses partisans parler pour elle et la décrire comme une combinaison idéale de banquière centrale de grande expérience et de scientifique de très haut niveau.

On a ainsi vu fleurir les portraits élogieux. Janet Yellen, une personnalité qui était déjà économiste à la Réserve fédérale du temps du second choc pétrolier de 1979. Passée depuis par toutes les fonctions qui comptent en interne. Et en même temps, cette docteur en économie a développé un vaste travail académique sur les salaires et la productivité.

Il y a bien eu des tentatives de faire surgir un recours. Dans le Washington post, le New York Times, sur CNBC, on a vu circuler le nom de Donald Kohn, qui était numéro 2 de la Fed, lors de la déflagration de 2008 et donc supposément plus au fait de la gestion de crise. Mais cette campagne n'a pas abouti.

A l'écoute des marchés

Janet Yellen est parvenue à la fois à représenter une continuité institutionnelle rassurante en période de turbulence et une personnalité a l'écoute des intérêts de Wall Street.

En parallèle, l'idée s'est diffusée qu'avec elle mieux qu'avec quiconque, la Réserve Fédérale fera tout ce qu'il faut pour lutter contre le chômage. Et c'est à ce titre, par exemple, que le principal regroupement syndical américain, l'AFL-CIO, lui a apporté son soutien.

Voici quelques lignes d'un discours qu'elle a prononcé en avril dernier, à Washington, devant une association de journalistes économiques:"je crois que la politique de diminution du chômage doit prendre une place centrale dans le conseil de politique monétaire de la Fed, même si cela se traduit temporairement par une inflation légèrement supérieure à 2%".

C'est exprimé clairement et simplement. Ensuite, nul ne peut dire si Janet Yellen saura développer cet art du récit médiatique.

Benaouda Abdeddaïm