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"Je ne peux pas consacrer mon argent au schnaps et aux femmes et ensuite réclamer de l'aide"

Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe.

Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe. - Emmanuel Dunand - AFP

Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe, a eu des propos jugés désobligeants à l'encontre de pays du sud de la zone euro. Il a refusé de s'excuser, mais il se défend d'avoir visé un pays en particulier.

Jeroen Dijsselbloem a refusé de présenter ses excuses devant les eurodéputés pour des propos jugés désobligeants à l'encontre de pays du sud de la zone euro, tenus la veille dans un journal allemand. "Non, certainement pas", a répondu le chef de l'Eurogroupe, également ministre néerlandais des Finances, à un député européen qui lui demandait des excuses, au cours d'une audition devant une commission parlementaire. 

Selon son porte-parole, son message était adressé à tous les pays de la zone euro. D'après lui, Jeroen Dijsselbloem voulait montrer qu'il ne peut pas y avoir de solidarité sans obligations. Mercredi après-midi, il a finalement dit "regretter" ses propos mais a certifié qu'il "ne comptait pas démissionner". 

"Peut-être est-ce drôle pour vous"

Dans un long entretien paru lundi dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Jeroen Dijsselbloem avait déclaré : "Dans la crise de l'euro, les pays du nord de la zone euro se sont montrés solidaires des pays en crise". "Pour moi, social-démocrate, je pense que la solidarité est extrêmement importante. Mais celui qui la réclame a aussi des devoirs. Je ne peux pas consacrer mon argent au schnaps et aux femmes et ensuite réclamer de l'aide", avait-il ajouté.

"Ces propos sont regrettables", lui a lancé mardi l'eurodéputé écologiste espagnol Ernest Urtasun. "Peut-être est-ce drôle pour vous, mais moi je ne pense pas que ça le soit". "Cette remarque visait à être totalement clair sur ce que la solidarité signifie pour moi", a expliqué le président de l'Eurogroupe, l'institution qui réunit les 19 ministres des Finances des pays ayant adopté la monnaie unique, réitérant ce message à plusieurs reprises.

"Un commentaire malheureux"

L'Espagnol Gabriel Mato (PPE, droite) a estimé au cours des débats que Jeroen Dijsselbloem avait perdu sa "neutralité" et sa "crédibilité". "Je pense que c'est un commentaire malheureux, autant sur la forme que sur le fond", avait déjà regretté dans la matinée le ministre espagnol de l'Économie Luis de Guindos.

Jeroen Dijsselbloem perdra dans les prochaines mois son poste de ministre des Finances après la déroute historique de son Parti travailliste aux dernières législatives aux Pays-Bas, mais son mandat à la tête de l'Eurogroupe court jusqu'au 1er janvier 2018.

"Je me demande vraiment comment une personne avec de telles convictions peut encore être considérée comme apte à être président de l'Eurogroupe", a pour sa part estimé le chef du groupe Socialistes et Démocrates au Parlement européen, l'Italien Gianni Pitella, jugeant ses propos "honteux", "choquants" et "discriminatoires à l'égard des pays du sud de l'Europe". Le ministre des Affaires étrangères du Portugal, le socialiste Augusto Santos Silva, a jugé lors d'un déplacement à Washington "absolument inacceptables" les propos de Jeroen Dijsselbloem, estimant qu'il n'était "pas en condition de rester à la tête de l'Eurogroupe". L'ancien chef du gouvernement italien Matteo Renzi a appelé quant à lui Jeroen Dijsselbloem à démissionner le plus tôt possible. 

D. L. avec AFP