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Juncker avait dit à Barroso de ne pas aller chez Goldman Sachs

Juncker qualifie Barroso "d'ami'

Juncker qualifie Barroso "d'ami' - John Thys - AFP

Le président de la Commission européenne a révélé ce jeudi 15 septembre avoir mis en garde son successeur. S'il était "ok" pour que son "ami" aille dans une banque privée, il ne voulait pas que cet établissement soit Goldman Sachs.

"Non, pas cette banque là!". Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a assuré jeudi qu'il avait mis en garde en juillet son prédécesseur, José Manuel Barroso, sur le problème éthique posé par son embauche chez Goldman Sachs.

"Qu'est ce que j'ai dit? J'ai dit, je me répète: 'pas de problème qu'il prenne une fonction dans une banque privée mais pas celle-là!'", a déclaré Jean-Claude Juncker, qui répondait aux questions de trois jeunes "YouTubers" dans un entretien coorganisé par YouTube et la chaîne d'information Euronews.

Et le chef de l'exécutif européen d'expliquer: "Parce que Goldman Sachs a été un de ces ensembles qui ont contribué, sachant ou ne sachant pas, à l'émergence d'une crise financière et économique énorme au cours des années 2007, 2008 et 2009". Une allusion à la crise des crédits "subprimes", ces prêts hypothécaires très risqués vendus par certains établissements financiers américains, qui ont forcé nombre de ménages à abandonner leur logement.

Barroso, un "type honnête"

"Et donc je me posais des questions sur l'identité du port vers lequel il se dirigeait", a poursuivi Jean-Claude Juncker, tout en qualifiant José Manuel Barroso de "type honnête". "C'est un ami", a-t-il dit.

Le recrutement début juillet par Goldman Sachs de celui qui a présidé la Commission de 2004 à 2014 a soulevé une vague d'indignation, qui s'est exprimée notamment par des pétitions de citoyens et de fonctionnaires européens. Le président français, François Hollande, l'a qualifié de "moralement inacceptable".

La Commission n'y a pas vu malice pendant deux mois, mettant en avant le respect par José Manuel Barroso du code de conduite signé par les commissaires européens, exigeant d'attendre un délai de 18 mois avant de rejoindre un employeur privé.

Mais face aux critiques lui reprochant de ne pas avoir pris la mesure du problème éthique, Jean-Claude Juncker a demandé cette semaine "une clarification" sur les termes du contrat de travail avec la banque américaine.

En réaction, José Manuel Barroso est passé à la contre-attaque, accusant mardi l'UE de "discrimination" à son égard.

J.M. avec AFP