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Kalachnikov privatisée: 6 anecdotes sur cette arme russe mythique

Mikhaïl Kalachnikov, le Russe qui a inventé et donné son nom au fusil d'assaut AK-47

Mikhaïl Kalachnikov, le Russe qui a inventé et donné son nom au fusil d'assaut AK-47 - AP - Associated Press

Alors que l'Etat russe va se désengager de l'entreprise d'armement Kalachnikov, retour sur le succès de son arme la plus connue, l'AK-47, le fusil d'assaut le plus vendu de l'histoire.

La Kalachnikov privatisée. La Russie l'a annoncé il y a quelques jours, elle va se désengager de la fameuse entreprise d'armes créée durant la guerre froide. Le conglomérat d'Etat Rostec compte en effet réduire sa participation de 51% à 25% (afin de conserver une minorité de blocage) au profit des investisseurs privés qui détiennent déjà 49%, dont le directeur général Alexeï Krivoroutchko. Le montant de la transaction, qui reste soumis à l'approbation des autorités, n'a pas été dévoilé. 

Retour sur l'énorme succès du AK-47, le fusil d'assaut le plus répandu dans le monde. 

1. Le AK-47, une copie d'un fusil allemand

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Si le fusil d'assaut est considéré comme une arme révolutionnaire pour sa légèreté, sa fiabilité ou sa facilité d'utilisation, son concepteur Mikhaïl Kalachnikov s'est en fait fortement inspiré d'un fusil allemand de la 2nde guerre mondiale, le Sturmgewehr 44 (photo ci-dessus). Ce sont les militaires allemands qui ont l'idée de créer en 1942 ce fusil automatique léger alors que jusqu'à présent ce type d'armes étaient lourdes et puissantes. Blessé au combat en 1941, le sergent soviétique Mikhaïl Kalachnikov commence à dessiner des armes sur son lit d'hôpital. Ses premières ébauches sont refusées par l'armée mais en 1947, il revoit sa copie après avoir étudié un Sturmgewehr 44. Il faudra néanmoins attendre 1949 pour que l'armée soviétique adopte, sous la désignation d'AK-47 pour (AK pour Avtomat Kalachnikova, "automatique Kalachnikov"). 

2. Une Kalachnikov pour 70 personnes dans le monde!

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C'est l'arme la plus répandue du monde. Selon les estimations, entre 70 et 110 millions d'exemplaires auraient été produits depuis sa création. Cela représente donc une Kalachnikov pour 70 personnes dans le monde. Mais si l'arme est connue sous le nom AK-47, il s'agit en réalité pour la plupart de modèles AKM-59, une version plus tardive qui était plus légère (3,14 kg contre 4,3 kg) et plus facile à produire. 

Pourquoi un tel succès? D'abord parce qu'il s'agit d'une arme au coût très faible, robuste, fiable, capable d'être utilisée dans l'eau par exemple et très facile d'entretien. Mais selon C.J. Chivers, auteur du livre The Gun sur l'histoire de l'AK-47, le succès de l'arme s'explique surtout par une volonté politique. "Les qualités techniques n’étaient pas au centre de la production soviétique d’armements. C’était même tout le contraire. Ce sont les normes de l’armée soviétique, associées à la décision du Kremlin de décupler la production (pour des raisons liées à la politique étrangère de l’époque), qui ont permis de rendre l’AK-47 et ses imitations disponibles aux quatre coins du monde" (citation sur Slate).

Une arme répandue à travers le monde (106 armées l'ont utilisée à un moment de leur histoire) qui serait à l'origine de 250.000 morts par an. 

3. Une arme victime d’une contrefaçon agressive

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Si les Kalachnikov sont réputées pour leurs tarifs attractifs, elles ne sont pas épargnées par la contrefaçon. Certaines versions améliorent les "performances" de l’originale, mais d’autres proposent des modèles dont la qualité laisse à désirer. Si les Chinois sont parvenus à reproduire l’originale au boulon près, la pire copie est, selon les spécialistes, la version roumaine. En la découvrant, un expert aurait déclaré que "le génie de Mikhaïl Kalachnikov [l’inventeur] était pratiquement mort dans les réincarnations des ingénieurs roumains". Cela n’a pas empêché les Roumains de les brader sur de nombreuses zones de conflits, notamment au Moyen-Orient où ses utilisateurs les voyaient se "désintégrer au bout de trois jours d'exploitation".

4. La seule marque d'armes vendue dans les aéroports

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Si vous passez des vacances en Russie, ne ratez pas la boutique Kalachnikov dans l’aéroport de Moscou. On peut y trouver des souvenirs, des gadgets en tous genres, des vêtements siglés AK-47 et même des poignards de la marque ou des AK-47 factices. Ouvert depuis l’été dernier malgré les réticences des services de sécurité moscovites, ce magasin est le premier d’une chaîne qui en comptera à terme une soixantaine. Pour Vladimir Dmitriev, le directeur marketing, "Kalachnikov est l'une des marques les plus populaires [...] de Russie, les touristes doivent pouvoir ramener un souvenir". C’est évidemment l’argument "marketing" de cette stratégie. En fait, ces magasins ont été lancés en réponse aux sanctions économiques qui ont été appliquées contre la Russie à la suite de la crise ukrainienne qui ont pénalisé les ventes du groupe, qui réalisait 70% de son chiffre d’affaires en Europe et aux États-Unis.

5. Des vêtements et des boissons Kalachnikov

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Difficile d’admettre que la "kalach" soit devenue une marque parmi les plus branchées de la planète. En avril dernier, la maison de couture Abzal a fait défiler ses mannequins, arme à la main, lors de la Fashion Week du Kazakhstan. Mais surtout, l’armurier a développé une stratégie commerciale en vendant son nom à des marques de vêtements, de boissons ou de jouets. Et ceux qui ont tenté d’utiliser le nom sans accord sont attaqués en justice. En 2009, l’inventeur de la Kalachnikov a attaqué une société suisse qui voulait lancer en France une boisson énergétique sous le nom "Kalashnikov". L’affaire a été portée au tribunal de grande instance de Paris qui a condamné la société suisse et son distributeur français à verser à l’inventeur 10.000 euros en dommages et intérêts. 

6. La "Kalach" sur des drapeaux africains et des pièces néo-zélandaises

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Symbole de la détermination du peuple à protéger sa liberté selon le Mozambique, l'AK-47 apparaît ainsi sur le drapeau du pays ainsi que sur des blasons du Zimbabwe, du Burkina Faso (1984-97) et du Timor oriental. Le fusil Kalachnikov est également présent sur le drapeau de l'organisation militante libanaise, le Hezbollah. L'arme a aussi été reproduite sur une pièce de l'Union soviétique et, plus étonnant, sur une série frappée par la Nouvelle-Zélande en 2007 à l'occasion des 60 ans de la marque.

Frédéric Bianchi et Pascal Samama