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L'activation du Brexit retardée par l'Écosse?

Une large majorité d'Écossais a voté pour rester dans l'Union européenne.

Une large majorité d'Écossais a voté pour rester dans l'Union européenne. - Leon Neal - AFP

La Première ministre britannique a obtenu lundi du Parlement la possibilité de déclencher le Brexit quand elle le veut. Mais l'annonce de la tenue d'un référendum en Écosse sur l'indépendance devrait repousser celle de Theresa May.

Theresa May est maintenant libre d'enclencher le Brexit quand elle le souhaite. Le Parlement britannique a adopté lundi soir la loi qui permet à la Première ministre de déclencher la procédure prévue par l'article 50 du Traité de Lisbonne, préalable aux discussions sur le divorce.

La Première ministre britannique s'est s'adressée mardi à la chambre des Communes, un discours très attendu. C'est la règle, elle devait débriefer les élus britanniques sur le dernier sommet européen qui s'est déroulé la semaine dernière à Bruxelles. Mais c'était surtout la plus petite indication qu'elle pouvait donner sur la date à laquelle elle entend lancer la procédure de divorce qui était guettée alors que la date du 31 mars qu'elle s'est fixée comme limite approche à grands pas.

Theresa May attend la fin du mois

Pendant quelques jours, la rumeur que la dirigeante britannique profiterait de sa déclaration devant les députés pour annoncer le grand saut a bruissé de manière insistante. Toutefois, son porte-parole a refroidi les attentes lundi après-midi en annonçant que Theresa May entendait en fait attendre la fin du mois.

Et, effectivement, la Première ministre a dit ce mardi qu'elle annoncerait le déclenchement du Brexit devant la Chambre des communes et ce comme convenu d'ici fin mars. "Je reviendrai devant cette chambre avant la fin du mois pour notifier ma décision une fois que j'aurai déclenché formellement l'article 50", a-t-elle déclaré devant la chambre basse du Parlement. Certains estiment désormais que cela n'aura pas lieu avant le 27 mars. Une décision qui a été perçue comme un recul. Theresa May a également précisé que la reine Elizabeth II donnerait son assentiment royal au déclenchement du Brexit "dans les jours à venir".

Selon des sources gouvernementales anonymes citées par les médias britanniques, cette décision d'attendre la fin du mois de mars serait liée à la volonté d'éviter que l'annonce du démarrage du processus de séparation d'avec l'Union européenne n'interfère avec les élections aux Pays-Bas, mercredi, et les célébrations du 60e anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars.

Un référendum écossais en 2018 ou 2019

Mais l'annonce lundi matin par la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon de son intention d'organiser un nouveau référendum d'indépendance fin 2018 ou début 2019 n'est sans doute pas étrangère à ce report. "Il a été suggéré que Theresa May, pour l'avenir du royaume, ne voulait pas se montrer cavalière en se précipitant pour activer l'article 50 un jour après la déclaration de Sturgeon", écrit le quotidien The Guardian.

La cheffe du gouvernement régional écossais a annoncé qu'elle demanderait la semaine prochaine au Parlement écossais l'autorisation de réclamer l'accord du gouvernement britannique pour lancer la procédure. Une telle consultation requiert en effet l'accord de Londres.

62% des Écossais contre le Brexit

Nicola Sturgeon a expliqué que ce référendum était devenu nécessaire parce que le gouvernement britannique refusait de répondre aux préoccupations des Écossais sur le Brexit contre lequel ils ont voté à 62%, notamment en matière d'accès au marché unique que Theresa May a décidé de quitter. Elle a dénoncé "un mur d'intransigeance".

Theresa May a en retour critiqué "la vision étroite" du SNP (indépendantiste), le parti de Nicola Sturgeon, selon elle plus préoccupé de ses intérêts politiques que de ceux des Écossais. "Ce n'est pas le bon moment pour faire de la politique politicienne et créer de l'incertitude", a-t-elle également fustigé ce mardi, précisant que l'accord que Londres doit signer avec Bruxelles à l'issue des négociations du Brexit vaudrait "pour l'ensemble du Royaume-Uni". 

Le très eurosceptique tabloïd Daily Mail a dénoncé le cynisme de Nicola Sturgeon, titrant mardi "Bas les pattes de notre Brexit, Nicola". Le Guardian, pro-UE, estime de son côté que la victoire de Theresa May au Parlement a été "éclipsée" par Nicola Sturgeon qui a su "saisir le moment stratégique" pour faire son annonce. Une annonce qui intervient alors que le SNP se réunit en congrès en fin de semaine, tout comme le Parti conservateur de Theresa May.

N.G. avec AFP