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L’attaque de Bamako, un coup brutal porté à l’économie du Mali

Une prise d'otages a eu lieu vendredi à l'hôtel Radisson de Bamako.

Une prise d'otages a eu lieu vendredi à l'hôtel Radisson de Bamako. - Sebastien Rieussec - AFP

La prise d’otages dans un hôtel de luxe de la capitale malienne intervient au moment où une reprise économique, bien que pénible, semblait intervenir. Ce nouveau coup dur pourrait donc avoir des conséquences dramatiques.

L’hôtel Radisson, théâtre d’une prise d’otages sanglante par un groupe armé vendredi, était l’un des plus sécurisés de Bamako. Et, du même coup, un lieu de rencontres privilégié pour les hommes d’affaires du monde entier. C’est à ce symbole que s’en sont pris les assaillants, faisant chanceler une économie qui se remettait péniblement debout.

Avec une croissance de 7,2% en 2014 et des prévisions atteignant près de 6% pour 2015, la reprise semblait en effet prendre forme. D’autant que les premiers effets se faisaient sentir sur le terrain: "Il y a quelques semaines, le directeur du Radisson ne cachait pas sa joie de voir son hôtel faire de nouveau le plein, et d’observer le retour des milieux d’affaires", se rappelle François-Xavier Freland, journaliste à Jeune Afrique

Télécoms, infrastructures… Quel que soit leur secteur d’activité, les investisseurs semblaient ainsi s’être affranchis du sentiment d’insécurité régnant dans la capitale malienne. Et ce en grande partie grâce à l’intervention internationale menée par la France et l’accord de paix trouvé en juin dernier entre le nord -contrôlé par les touaregs- et le sud du pays administré par les autorités "officielles".

Une économie "sérieusement ébranlée par la guerre"

"Les hommes d’affaires commençaient à venir en nombre, de France, d’Afrique du sud, du Maroc, ou de Chine", selon François-Xavier Freland. D’autant qu'un sommet franco-africain, qui doit se tenir en 2016 à Bamako, avait justement dopé la construction de bâtiments et d’hôtels.

Au-delà du message politique évident, les assaillants ont donc aussi tenté de faire revenir l’économie malienne à un état quasi végétatif. "Une économie sérieusement ébranlée par la guerre, et complètement désarticulée dans le nord", déplore Hugo Sada, spécialiste des questions africaines et ancien membre de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). "Le Mali est sous perfusion des donateurs internationaux, et dépend beaucoup de sa production de coton", poursuit-il, pointant du doigt "les nombreux trafics qui font informellement vivre une bonne partie de la population".

Selon cet expert, une meilleure gouvernance du Mali, qui mettrait un terme à ces trafics, couplée à une sécurité retrouvée, sera la clé d’une reprise durable. "Il faut un programme plus cohérent de restructuration" de cette gouvernance, ajoute-t-il. "On sait bien, de toute façon, qu’un pays faible économiquement et socialement est plus propice au développement du radicalisme", abonde François-Xavier Freland. Ce qui permet de mesurer l’ampleur du problème, pour ceux qui veulent faire du Mali un bastion contre le terrorisme.