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Emploi: l'Autriche veut instaurer une forme de préférence nationale 

La mesure a été initiée par le chancelier social-démocrate Christian Kern, qui gouverne avec les conservateurs

La mesure a été initiée par le chancelier social-démocrate Christian Kern, qui gouverne avec les conservateurs - Roland Schlager - AFP

Le gouvernement autrichien prévoit de diviser par deux les charges durant trois ans pour toute création d'emploi qui serait réservée à des travailleurs résidant en Autriche.

La coalition au pouvoir en Autriche a présenté un projet visant à favoriser l'accès à l'emploi des personnes résidant dans le pays de longue date. La mesure initiée par le chancelier social-démocrate Christian Kern, qui gouverne avec les conservateurs, prévoit de diviser par deux les charges des entreprises durant trois ans pour toute création de poste qui serait réservée à des travailleurs -demandeurs d'emploi ou non- résidant en Autriche.

Cette disposition, que le gouvernement souhaite appliquer à partir de juillet, cible directement la directive européenne sur les travailleurs détachés venus d'autres pays de l'Union Européenne. L'Autriche, comme la France, l'Allemagne ou les Pays-Bas, reproche à cette directive de tirer les conditions de travail vers le bas.

Confronté à une progression de l'extrême-droite qui défend une priorité de l'emploi aux nationaux, le chancelier autrichien s'est récemment saisi de la question des travailleurs détachés accusant les pays d'Europe de l'Est de bloquer une réforme de la directive qui vise à limiter le dumping salarial. Le chômage augmente en Autriche malgré les créations d'emploi "car nous sommes confrontés en permanence, en tant que pays voisin, au va-et-vient des travailleurs des pays d'Europe de l'est", avait estimé Christian Kern dans une récente interview.

Mise en garde des experts

Cette réduction de charges s'appliquera aussi pour l'embauche de diplômés formés en Autriche et de travailleurs "très qualifiés" de pays non membres de l'UE, possédant un titre de séjour.

Plusieurs experts ont mis en garde dans la presse autrichienne contre ce nouveau dispositif qui pourrait contrevenir aux règlements européens. Le petit parti libéral NEOS a accusé le gouvernement de raisonnement "populiste" et "à courte vue".

L'Autriche, pays de 8,7 millions d'habitants qui a longtemps profité d'une situation de plein emploi, faut face à une hausse du nombre des demandeurs d'emploi. Le chômage touche 10,6% de la population active selon la norme nationale et 5,7% selon celle de l'UE. Le gouvernement estime à 180.000 le nombre de travailleurs employés en Autriche sans y résider. Si, comme le prévoit le gouvernement, cette aide à l'embauche génère 160.000 emplois réservés à des résidents, elle coûtera 2 milliards d'euros.

D. L. avec AFP