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L'industrie mondiale plie sous l'effet de la guerre commerciale

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- - BARTOSZ SIEDLIK / AFP

L’activité manufacturière a faibli dans une bonne partie de l’Europe et en Asie en décembre, sous le coup des tensions commerciales et d’un ralentissement de la demande qui devraient persister en ce début de 2019.

Une série d’enquêtes auprès des directeurs d’achat publiées mercredi montrent un fléchissement ou un ralentissement de l’activité manufacturière dans de nombreux pays.

Dans la zone euro, le secteur manufacturier n’a enregistré qu’une faible croissance en décembre alors même que la Banque centrale européenne vient de mettre un terme à son programme de rachat d’actifs de 2.600 milliards d’euros.

Le secteur manufacturier italien est resté en contraction le mois dernier et il a été rejoint par la France, où l’indice PMI est passé sous le niveau de 50 pour la première fois depuis septembre 2016.

En Allemagne comme en Espagne, le secteur manufacturier n’a dégagé qu’une modeste croissance, à son rythme le plus faible depuis environ deux ans et demi.

L’indice PMI britannique a en revanche dépassé les attentes et atteint un pic de six mois, mais cette amélioration est en trompe-l’oeil, les industriels augmentant leurs stocks de pièces et de produits finis pour prévenir d’éventuels retards de livraison à moins de trois mois du Brexit.

“Malgré le plus haut en six mois atteint en décembre, le PMI manufacturier tend toujours vers une stagnation du secteur au T4”, observe Andrew Wishart chez Capital Economics.

Attendues plus tard dans la journée, les enquêtes d’IHS Markit et de l’Institute for Supply Management (ISM) pour les Etats-Unis devraient montrer que l’activité manufacturière américaine ralentit elle aussi mais reste en croissance, contrairement à celle de la Chine.

Ralentissement en Chine

Le secteur manufacturier chinois a subi en décembre sa première contraction en 19 mois, selon l’indice PMI Caixin/IHS publié mercredi qui confirme les statistiques officielles sorties lundi.

Le coup de frein chinois s’est répercuté à d’autres économies asiatiques comme à la Corée du Sud, où l’activité manufacturière s’est contractée en décembre pour le deuxième mois d’affilée. L’indice PMI de Malaisie est quant à lui à son plus bas depuis le début de l’enquête de 2012 et celui de Taiwan à un creux depuis septembre 2015.

Singapour a dans le même temps annoncé une croissance annualisée de 1,6% de son produit intérieur brut au quatrième trimestre, moitié moins que la hausse anticipée par les économistes, contre +3,5% au troisième trimestre.

Début décembre, les Etats-Unis et la Chine ont annoncé une trêve de 90 jours pour se donner le temps de conclure un accord sur le commerce après des mois de guerre douanière à l’initiative du président Donald Trump, qui estime que les accords actuels favorisent la Chine.

Après un entretien téléphonique avec son homologue chinois, le président américain a fait état le week-end dernier de “gros progrès” sur la voie d’un compromis mais les médias officiels chinois ont été plus réservés, rapportant simplement que Xi Jinping espérait voir les deux parties parvenir à s’entendre.

Les relèvements mutuels de droits de douane ont fortement perturbé les échanges commerciaux entre les deux premières puissances mondiales, affectant par ricochet des pays exportateurs de produits technologiques comme la Corée du Sud.

Les tarifs douaniers ne sont pas le seul facteur négatif qui pèse sur l’économie chinoise. Les mesures du gouvernement pour réduire l’endettement ont refroidi le marché immobilier et limité les flux de crédit vers le secteur privé, et l’activité industrielle pâtit aussi de la campagne menée contre la pollution.

Les dirigeants chinois se sont engagés en décembre à accélérer les baisses d’impôts et assurer une liquidité abondante en 2019 pour stabiliser la croissance économique, tout en promettant de poursuivre les négociations avec Washington.

La croissance chinoise a ralenti à 6,5% au troisième trimestre 2018, son niveau le plus faible depuis la crise financière de 2008-2009. Reuters a rapporté le mois dernier que plusieurs conseillers gouvernementaux ont recommandé au gouvernement d’abaisser la prévision de croissance 2019 à 6,0-6,5% pour cette année contre environ 6,5% en 2018.

L’objectif ne sera pas rendu public avant la session annuelle du Parlement au début mars.

La rédaction avec Reuters