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La Commission européenne épingle la France sur son déficit budgétaire pour 2020

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire - ERIC PIERMONT / AFP

La Commission européenne a demandé des clarifications à Paris concernant des éventuels dérapages à prévoir du déficit. La crise des gilets jaunes a profondément changé la trajectoire budgétaire de la France.

Bercy s'attendait à recevoir un courrier. A l'instar de son homologue italien, Bruno Le Maire a reçu une lettre d'avertissement du Commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, et du vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.

Bruxelles critique ainsi "le projet de plan budgétaire (qui) prévoit un effort structurel de 0,0% du PIB en valeur nominale". En clair, le budget 2020 de l'exécutif ne rentre pas dans les clous européens puisqu'il ne permet pas d'améliorer les comptes publics et donc d'abaisser la dette française. Plus précisément, si l'on ne prend pas en compte les effets de la conjoncture économique, le gouvernement français n'a fait aucun effort pour réduire la partie structurelle de son déficit budgétaire. Désormais, des "clarifications" sont attendues d'ici mercredi.

Un déficit attendu à 2,2% du PIB

Le projet de loi de Finances (PLF), actuellement étudié à l'Assemblée nationale, a profondément évolué dans sa trajectoire, par rapport à l'année dernière. Avec la crise des gilets jaunes, la priorité a été donnée aux réductions fiscales pour les classes moyennes, avec moins de recettes à la clé. Sur le premier volet du PLF 2020, qui devrait être adopté ce mardi par les députés, le déficit a été porté à 93,3 milliards d'euros.

À travers ce Budget 2020, le gouvernement fait le choix de soutenir le pouvoir d'achat des Français, délaissant l'objectif de réduction du déficit désormais attendu à 2,2% du PIB pour l'année prochaine (contre 3,1% en 2019 et 2,5% en 2018), ce qui reste "le plus faible déficit public depuis 2001", aime rappeler l'exécutif. La dette publique, elle, va à peine baisser à 98,7% du PIB, après un bond à 98,8% cette année. La lettre de Bruxelles reste un premier avertissement qui ne devrait pas entraîner de procédures.

L'Italie n'est pas inquiète

En revanche, le ton pourrait être moins cordial envers l'Italie, qui affiche une dette équivalente à 135 % du PIB : 2373 milliards d’euros, de loin la plus élevée de l'Union européenne (la dette grecque est plus élevée en ratio mais ne représente "que" 270 milliards d'euros). "Le projet de l'Italie ne respecte pas l'objectif de réduction de dette en 2020", préviennent les commissaires dans leur lettre.

Reste que le récent changement de gouvernement, bien plus conciliant avec l'Europe que l'ancienne coalition populiste, peut permettre d'arrondir les angles. Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a aussitôt réagi en promettant de "fournir toutes les clarifications à l'UE (…) Nous ne sommes pas inquiets", a-t-il dit. "C'est un dialogue nécessaire avec Bruxelles auquel nous ne nous soustrairons pas", a-t-il ajouté.

Thomas Leroy