La BCE maintient son cap monétaire
Les gardiens de l'euro se sont réunis au lendemain de négociations à Washington entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président américain, Donald Trump, qui ont temporairement désamorcé la crise née des tarifs douaniers imposés par les États-Unis.
Côté politique monétaire, la Banque centrale européenne n'a pas précisé davantage qu'en juin le moment où elle compte relever une première fois ses taux, se bornant à répéter qu'ils vont rester à leur plus bas niveau "au moins jusqu'à l'été 2019".
Mais l'institution mentionne néanmoins des facteurs de risques nouveaux depuis le mois dernier, "notamment l'état du débat sur le commerce" international. Les marchés sont désormais très attentifs à tout signal de patron de la BCE, Mario Draghi, pouvant apporter une précision sur ce calendrier qui suscite diverses interprétations, y compris au sein du conseil des gouverneurs de la BCE.
Le principal taux de refinancement a été maintenu à zéro, tandis que les banques vont continuer à payer auprès de la BCE un intérêt négatif de 0,40% pour les liquidités dont elles n'ont pas l'utilité immédiate.
"Éviter un durcissement trop précoce des conditions financières"
Pour les prochains mois, la BCE prévoit toujours une sortie progressive d'ici fin décembre 2018 du "QE", c'est-à-dire du rachat massif de dettes publiques et privées, qui passera par une décrue de son rythme entre octobre et décembre, à 15 milliards d'euros mensuels contre 30 milliards actuellement.
Annoncé en janvier 2015, le QE a permis à la BCE de déverser à ce jour près de 2.500 milliards d'euros de liquidités sur le marché, pour favoriser le financement des ménages et des entreprises afin qu'ils stimulent la croissance et l'inflation.
La BCE restera active sur le marché après fin 2018 car elle va renouveler les titres arrivant à échéance "pendant une période prolongée après la fin des achats nets d'actifs", a-t-elle confirmé jeudi. Le stock des obligations d'Etats et d'entreprises sera maintenu pour éviter un durcissement trop précoce des conditions financières.
Le taux d'inflation en juin plus élevé que prévu
"Cela signifie qu'il n'y a plus beaucoup de munitions classiques dans l'arsenal de la BCE si un ralentissement se produisait", explique Erik Nielsen, économiste chez Unicredit.
Les derniers indicateurs connus pour le mois de juillet inquiètent avec la légère inflexion de l'activité dans l'industrie et le commerce en zone euro, selon l'indice PMI du cabinet Markit. Mais la très faible baisse de l'indice IFO mesurant le moral des patrons allemands, incite à l'inverse à un certain optimisme.
Le taux d'inflation en zone euro est quant à lui remonté à 2% en juin, dépassant même l'objectif "inférieur mais proche de 2%" fixé par l'institution. Mais débarrassé de l'énergie et de l'alimentation, il est descendu à 0,9% contre 1,1% le mois précédent, une tendance guère encourageante.