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La Chine devrait abaisser son objectif de croissance pour 2019

La croissance du secteur des services reste solide en Chine en janvier, selon l’indice indépendant PMI.

La croissance du secteur des services reste solide en Chine en janvier, selon l’indice indépendant PMI. - Odd ANDERSEN / AFP

Le gouvernement chinois pense définir un objectif de croissance de 6% à 6,5% pour cette année alors que celui de 2018 était "de l'ordre de" 6,5%.

Dans un contexte déjà plombé par les tensions commerciales avec les Etats-Unis et de tassement de la demande intérieure, la Chine devrait faire encore trembler les marchés. En effet, le gouvernement chinois pense définir un objectif de croissance de 6% à 6,5% pour cette année alors que celui de 2018 était "de l'ordre de" 6,5%.

Cet objectif, qui doit être dévoilé en mars à l'occasion de la session parlementaire annuelle, a été endossé mi-décembre par les plus hautes instances dirigeantes lors de la Conférence centrale sur le travail économique, rapportent quatre sources au fait des résultats de cette rencontre.

Des statistiques à paraître ce mois-ci devraient montrer que la Chine a connu une croissance tournant autour de 6,6% en 2018, la plus faible depuis 1990. Les analystes pensent que le ralentissement se fera à nouveau sentir cette année, avant que les mesures de soutien du gouvernement ne produisent leurs effets.

Pékin surveille de près la situation de l'emploi dans l'industrie, ce secteur risquant de supprimer des postes en raison de la bataille commerciale engagée avec les Etats-Unis, de l'avis de sources bien informées de la politique économique chinoise.

Le vice-Premier ministre chinois, Liu He, devrait se rendre à Washington d'ici à la fin du mois dans le cadre des négociations commerciales entamées entre les Etats-Unis et la Chine, a déclaré jeudi le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin.

Cette annonce est intervenue au lendemain de la conclusion de trois jours de négociations entre délégués américains et chinois à Pékin, dont la teneur a été saluée par les deux parties.

Une croissance de quelque 6,2% s'impose lors des deux prochaines années si le Parti communiste chinois (PCC) veut réaliser son objectif d'un doublement du Produit intérieur brut (PIB) et des revenus dans la décennie s'achevant en 2020 et de transformer la Chine en un pays "modestement prospère".

Pékin compte confirmer par ailleurs un objectif d'inflation par les prix de détail de 3% cette année même si la hausse des prix a eu tendance à s'émousser dernièrement, ce qui donne de la marge de manoeuvre au gouvernement pour redonner de la vigueur à la consommation intérieure.

L'inflation mesurée par les prix de détail a fléchi à 1,9% en décembre contre 2,2% en novembre, en deçà de l'objectif annuel du gouvernement.

Objectif stabilité

Les dirigeants chinois se préoccupent davantage de la croissance depuis leur réunion de décembre, alors qu'ils s'employaient surtout jusque là à réduire les risques financiers; mais ils n'ont pas l'intention de multiplier les mesures de soutien.

Il est probable que la Banque populaire de Chine (BPC) apportera des liquidités en abaissant encore le coefficient des réserves obligatoires (RO), après les avoir bien réduites ce mois-ci, tout en s'employant à stimuler le crédit aux PME, un secteur primordial pour la croissance et l'emploi, ont ajouté les sources.

En revanche, les autorités chinoises hésitent à abaisser les taux directeurs, craignant des sorties de capitaux si elles le font car les rendements courts chinois sont devenus inférieurs à leurs équivalents américains, remarquent-elles.

Pékin compte aussi soutenir l'économie en réduisant peut-être la TVA, qui varie de 6% pour les services à 16% pour l'industrie, et en augmentant les dépenses des grands travaux.

De ce fait, le déficit budgétaire pourrait augmenter par rapport aux 2,6% du Produit intérieur brut (PIB) de l'an dernier mais il resterait inférieur à 3%, ont encore dit les sources, sans donner de chiffres précis. Les autorités locales pourraient enfin être autorisées à émettre jusqu'à 2.000 milliards de yuans (257 milliards d'euros) d'emprunts particuliers en 2019 contre 1.350 milliards en 2018. 

La rédaction avec Reuters