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La Chine oblige son plus puissant assureur à céder ses actifs étrangers

Anbang, le puissant assureur chinois, est mis sous pression par Pekin.

Anbang, le puissant assureur chinois, est mis sous pression par Pekin. - Bfishadow - CC

C'est la fin de l'expansion pour Anbang. Pékin oblige ses conglomérats à vendre leurs actifs étrangers. Ce puissant assureur chinois possède notamment le Waldorf Astoria, célèbre palace new-yorkais.

L'assureur chinois Anbang, qui possède l'emblématique palace new-yorkais Waldorf Astoria et a multiplié les investissements spectaculaires, s'est vu ordonner par Pékin de se délester de ses actifs non chinois, peu après la démission de son patron, rapporte lundi l'agence Bloomberg. "Les autorités chinoises ont demandé à Anbang de vendre ses actifs à l'étranger. Le gouvernement a également demandé à Anbang de rapatrier le fruit de ces cessions", indique l'agence financière, citant des "proches du dossier".

Anbang "n'a pas encore clairement déterminé" comment répondre à cette injonction, selon ces mêmes sources. Dans une déclaration à Bloomberg, l'assureur a cependant démenti "avoir des plans quelconques de céder des actifs à l'étranger".

Des prêts à risque

Le groupe avait annoncé mi-juin le départ de son président Wu Xiaohui, sur fond d'informations faisant état de l'interpellation du milliardaire. Ce dernier, qu'on supposait très bien connecté politiquement (il aurait épousé une petite-fille de l'ex-dirigeant Deng Xiaoping), s'était distingué par sa stratégie d'opérations tous azimuts à l'étranger.

Or, les régulateurs chinois enquêtent désormais sur les prêts potentiellement risqués accordés aux grands groupes (dont les conglomérats Wanda, HNA et Fosun) ayant massivement investi à l'étranger. Pékin dénonce volontiers les emplettes "irrationnelles" de ses firmes.

"Des idiots aux poches pleines d'argent"

Sentant le vent tourner, le milliardaire Guo Guangchang, patron de Fosun -un conglomérat tentaculaire propriétaire, entre autres, du spécialiste français des vacances Club Med- a fait ce week-end un éloge appuyé de ce serrage de vis des autorités. "C'est nécessaire et opportun, cela pourra certainement éradiquer les nombreux investissements irrationnels et les risques financiers potentiels", a-t-il indiqué dans une note postée sur le réseau social WeChat. "Si l'on n'agit pas, les étrangers nous prendront simplement comme des 'idiots aux poches pleines d'argent'", a-t-il raillé.

À l'image de Fosun, Anbang fait partie des "rhinocéros gris", ces mastodontes chinois s'étant bâti de façon fulgurante un empire international à coup d'acquisitions retentissantes. Fondé en 2004 comme une modeste firme régionale spécialisée dans l'assurance automobile, Anbang s'est hissé au rang de troisième assureur du pays en termes de chiffre d'affaires. Il a multiplié depuis deux ans les annonces d'acquisitions d'assureurs étrangers: le sud-coréen Tong Yang Life, le néerlandais Vivat ou encore le belge Fidea NV sont tombés dans son escarcelle. Non sans ratés: l'américain Fidelity and Guaranty Life (FGL) a ainsi annoncé mi-avril qu'il mettait fin à son opération financière avec Anbang. Celle-ci, dévoilée fin 2015, prévoyait le rachat de FGL par le chinois pour 1,6 milliard de dollars.

Un actionnariat opaque

Le colosse chinois a par ailleurs réalisé une percée fracassante dans l'hôtellerie de luxe, avec le rachat en 2014 du célèbre palace new-yorkais Waldorf Astoria pour près de 2 milliards de dollars. En revanche, il avait abandonné en avril ses visées sur le groupe hôtelier américain Starwood Hotels and Resorts, qu'il proposait de racheter pour 14 milliard de dollars. Et l'entreprise de Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump, avait mis fin en mars à des discussions controversées avec Anbang pour moderniser une tour emblématique à Manhattan.

L'actionnariat d'Anbang, qui ne possède aucune entité cotée, est partagé selon la presse chinoise entre plusieurs firmes privées et publiques, mais reste extrêmement opaque. Également sous pression, Wanda, l'énorme groupe du milliardaire Wang Jianlin qui avait des visées sur Hollywood et Disney, l'un des deux hommes les plus riches de Chine, a quant à lui annoncé courant juillet la cession pour 9,3 milliards de dollars d'actifs afin de réduire son endettement.

N.G. avec AFP