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La conseillère de Trump fait polémique en appelant à acheter les produits d'Ivanka

Kellyanne Conway a brisé certaines règles en matière d'éthqiue

Kellyanne Conway a brisé certaines règles en matière d'éthqiue - Spencer Platt - Getty Images - AFP

Kellyanne Conway a voulu faire de "la publicité gratuite" pour la ligne de vêtements de la fille du président américain, après que celle-ci a été retirée de la vente par l'enseigne Nordstrom. Ce qui n'est pas sans poser un problème d'éthique.

Une énième polémique sur les conflits d'intérêts a éclaté à la Maison Blanche. Une proche conseillère de Donald Trump a en effet appelé à acheter les produits de la fille aînée du président, retirés de la vente par une grande enseigne.

"Allez acheter les produits d'Ivanka. Je déteste faire les courses (mais) je vais aller en acheter aujourd'hui", a lancé sur la chaîne Fox Kellyanne Conway, depuis la Maison Blanche.

"C'est juste une ligne magnifique. Je possède moi-même (des produits). Je vais faire de la publicité gratuite: allez tous en acheter aujourd'hui, vous pouvez en trouver en ligne!", a ajouté la responsable dans une salle ornée du sceau officiel de la Maison Blanche.

Ivanka traitée de "manière injuste"

La conseillère du président entendait ainsi répliquer à l'annonce, la semaine dernière, par la chaîne de magasins Nordstrom qu'elle cesserait de vendre la ligne de vêtements et d'accessoires d'Ivanka Trump.

Cette décision avait déjà provoqué mardi la colère du président américain qui s'était précipité sur Twitter pour dénoncer le traitement réservé à sa fille aînée. "Ma fille Ivanka a été traitée de manière si injuste par Nordstrom", avait écrit Donald Trump, alimentant de nouveau les soupçons de mélange des genres entre intérêts commerciaux, politiques et familiaux.

Plusieurs démocrates avaient dénoncé une sortie "inappropriée" du milliardaire, et la nouvelle offensive de Kellyanne Conway n'a fait qu'ajouter à leur colère jeudi.

Une violation des règles d'éthiques

"Les déclarations de Kellyanne Conway semblent être une violation des règles d'éthique fédérales", ont écrit le président républicain d'une commission du Congrès Jason Chaffetz et le démocrate Elijah Cummings dans un courrier au Bureau pour l'éthique gouvernementale, lui demandant d'examiner l'affaire et de procéder à des recommandations.

"Nous sommes au courant de cette lettre et nous sommes en train d'étudier cela en interne", a déclaré Kellyanne Conway sur la chaîne Fox News, indiquant que Donald Trump la soutenait "à 100%".

Les règles fédérales interdisent à tout employé du secteur public d'utiliser ses fonctions "pour son propre gain" ou "pour le soutien à un quelconque produit, service ou entreprise". Sur Twitter, le Bureau pour l'éthique gouvernementale a affirmé jeudi être submergé d'appels de citoyens tout en précisant ne pas avoir le pouvoir d'"enquêter" ou de "faire respecter les règles", car ces compétences appartiennent notamment au Congrès ou au FBI.

Spicer se désolidarise

Le porte-parole de la Maison Blanche, qui avait défendu mercredi le droit du président Trump à "défendre sa famille", a cette fois semblé prendre ses distances avec les déclarations de Kellyanne Conway. "Kellyanne a été rappelée à l'ordre sur ce sujet, point final", a sèchement commenté Sean Spicer lors de son briefing quotidien.

Cette conseillère omniprésente dans les médias a déjà été au coeur de plusieurs polémiques, notamment pour avoir inventé de toutes pièces un "massacre" qui aurait été commis par des jihadistes dans une ville américaine.

Cette nouvelle controverse risque de donner des munitions à ceux qui accusent le clan Trump et ses proches d'utiliser la Maison Blanche pour défendre leurs propres intérêts.

Le président a lui-même alimenté ces soupçons en conservant ses parts dans l'empire immobilier qui a fait sa fortune et qui a des ramifications dans de nombreux pays étrangers alliés des États-Unis.

Nordstrom flambe à Wall Street

Au coeur de la tempête, Nordstrom a assuré avoir pris cette décision sur des seuls critères commerciaux, même s'il faisait l'objet d'un appel au boycott du site "Grab Your Wallet" en raison de ses relations d'affaires avec Ivanka Trump.

Depuis que la polémique a éclaté mardi, le titre a en tout cas décollé à Wall Street, alors que les autres entreprises précédemment prises en grippe par le président Trump (General Motors, Lockheed Martin...) avaient souffert de ses attaques.

La marque d'Ivanka Trump a par ailleurs subi un nouveau revers avec la décision du groupe TJX, qui chapeaute les grands magasins T.J.Maxx et Marshalls, de rendre ses produits moins visibles dans les rayons.

"Le mémo que nous avons envoyé (...) aux Etats-Unis ordonne aux magasins de mélanger cette ligne de produits avec d'autres dans nos portants", a déclaré dans un mail à l'AFP Doreen Thompson, une porte-parole de ce groupe qui, lui aussi, est victime d'une campagne de boycott.

J.M. avec AFP