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La crise italienne provoque de vives tensions sur les marchés

La crise italienne a inquiété les marchés mardi

La crise italienne a inquiété les marchés mardi - PHILIPPE HUGUEN / AFP

La crise politique en Italie a affolé les marchés mardi. Dans l'attente de la présentation du nouveau gouvernement, les bourses ont dévissé et le taux d'emprunt italien a atteint son plus haut niveau depuis six ans.

Alors que la situation politique n’est toujours pas clarifiée, les marchés ont pleinement pris l’impact de la crise italienne mardi. Si la Bourse de Milan a ouvert en hausse ce mercredi matin (+0,65%), elle a signé la veille la pire performance des places financières européennes en lâchant plus de 2% pour le deuxième jour consécutif.

À Paris, le CAC 40 a fini en repli, pour le cinquième jour consécutif, de 1,29% mardi soir. De son côté le DAX a reculé de 1,63% et l’Ibex de 2,49%. Ce mercredi matin, les bourses chinoises ont également subi les retombées de la crise politique italienne. À Hong Kong, l'indice Hang Seng a perdu 1,40%, soit 427,79 points, à 30.056,79 points. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a fini pour sa part en baisse de 0,55% mardi.

Panique sur la dette italienne

Signe de l’inquiétude des marchés, l’euro a chuté sous 1,16 dollar, son plus bas niveau depuis juillet 2017. Et la défiance est telle autour de l’Italie que le rendement des obligations souveraines à deux ans a bondi à 2,71%, du jamais vu depuis 2012.

Le "spread" (l'écart) entre les taux italien et allemand a pour sa part augmenté de 68 points mardi pour finir à 303 points. En deux semaines, cet indicateur symbolisant la confiance des marchés dans la zone euro, a flambé de quelque 170 points.

L’envolée du taux d’emprunt de l’Italie a entrainé à la hausse celui de l’Espagne et du Portugal. Et pour cause, les investisseurs sont allés chercher la sécurité en achetant de la dette allemande et américaine, qui ont joué leur rôle de valeurs refuges.

BNP et Crédit Agricole également touchées

L’affolement des marchés a notamment eu une répercussion sur les valeurs bancaires. Les banques françaises que sont la BNP (-4,5%) et le Crédit Agricole (-3,3%) sont particulièrement exposées. Il faut dire que les deux groupes ont fait le pari de l’Italie et sont aujourd’hui très présents sur ce marché. Avec BNL, BNP est à la tête du sixième réseau bancaire d’Italie juste devant le Crédit Agricole qui tire 8% de ses résultats d’Italie.

Fort heureusement, ces deux groupes pratiquent en Italie essentiellement des activités de banque de détail, qui ne sont pas les plus risquées. Elles sont par ailleurs peu exposées à la dette souveraine italienne.

Nouvelles élections

Alors que les marchés avaient initialement salué le veto présidentiel italien à un ministre des Finances eurosceptique - faisant éclater la coalition entre la Ligue (extrême droite) et le M5S (populiste) - plusieurs analystes ont estimé que cette décision pourrait transformer les nouvelles élections en referendum pour ou contre l'Union européenne.

"Le génie de 'l'Italie pourrait quitter l'euro' est malheureusement sorti de la bouteille" avec la proposition d'un ministre des Finances eurosceptique, ont expliqué les analystes de Commerzbank.

Le nouveau gouvernement, qui devrait être présenté ce mercredi après que l'annonce a été reportée la veille sans explication, n'a aucune chance d'obtenir la confiance d'un Parlement dominé par les populistes eurosceptiques. Il devrait se contenter d'expédier les affaires courantes avant de nouvelles élections, qui pourraient se tenir le 29 juillet selon plusieurs médias.

"Les craintes d'élections anticipées et d'une future politique anti-européenne en Italie sont réelles et entraînent une perte de confiance", ont poursuivi les analystes de Commerzbank.
P.L avec AFP