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La famille royale d'Arabie saoudite reprend en main le ministère de l'Energie

Un nouveau ministre de l'Energie a été nommé par la monarchie saoudienne. Et pour la première fois, c'est un membre de la famille royale qui occupe ce poste stratégique.

C'est une petite révolution en Arabie saoudite. Samedi, le royaume a nommé un nouveau ministre de l'Energie, directement en charge de la question pétrolière. Sans aucun doute, il s'agit d'un des postes les plus importants du pays. Depuis que l'Arabie saoudite extrait du pétrole, c’est-à-dire à peu près 80 ans, il n'y a eu ainsi qu'une demi-douzaine de ministres de l'Energie.

En l'occurrence, c'est le prince Abdulaziz ben Salmane qui a été nommé ministre saoudien de l'Energie en remplacement de Khaled al-Falih, selon un décret royal cité dimanche par les médias d'Etat, alors que le royaume prépare l'entrée en Bourse de son géant pétrolier public Aramco.

Un des meilleurs experts du monde

"Khalid al-Falih a été relevé de ses fonctions. Son altesse royale le prince Abdulaziz ben Salmane est nommé ministre de l'Energie", a indiqué l'agence officielle Saudi Press Agency. Le prince Abdulaziz est le quatrième fils du roi Salmane et le frère de l'ambitieux prince héritier Mohammed ben Salmane.

C'est aussi une surprise car la monarchie a toujours pris soin de ne jamais nommer un membre de la famille royale à la tête des affaires pétrolières. Mais le Prince Abdulaziz ben Salmane n'est pas un novice. Il est présenté par les revues spécialisées comme l'un des 5 meilleurs experts au monde du marché pétrolier.

Enjeu stratégique pour Aramco

Le limogeage de Khalid al-Falih à la tête du ministère de l'Energie d'Arabie saoudite, poids lourd de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), survient quelques jours après son remplacement au poste de président du géant pétrolier public Aramco qui prépare son introduction en Bourse.

Khalid al-Falih avait également vu ses compétences réduites au sein du gouvernement en perdant un des portefeuilles attachés à son ministère, celui de l'Industrie et des Ressources minières. Les analystes avaient vu dans cette mise à l'écart le signe d'un mécontentement au sein du pouvoir saoudien quant aux cours actuels du pétrole, jugés trop bas pour permettre une entrée en Bourse d'Aramco dans des conditions optimales.

Aramco a fait savoir qu'il comptait vendre jusqu'à 5% de ses parts sur les marchés financiers, mais seulement au "bon moment", évoquant une introduction entre la fin 2020 et le début 2021. Il pourrait alors s'agir de la plus grande introduction en Bourse de l'histoire.

Le prince héritier à la manoeuvre 

Cette opération entre dans le cadre d'un plan de réforme initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane visant à permettre à l'Arabie saoudite d'engranger quelque 100 milliards de dollars (plus de 90 milliards d'euros).

Initialement prévue en 2018, l'entrée en Bourse d'Aramco a été repoussée en raison de conditions de marché défavorables.

Le groupe a annoncé en août un bénéfice de 46,9 milliards de dollars (42,8 milliards d'euros), en baisse de 12% au premier semestre, lors d'un exercice de communication rarissime pour cette entreprise extrêmement secrète.

Thomas LEROY avec AFP