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La FED promet 3 ans de croissance aux États-Unis quand l’Italie fait des siennes

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- - Joël Saget - AFP

Si les prévisions de la FED s’avèrent exactes pour 2018 et 2019, les États-Unis auront connu leur plus long cycle de croissance de l’après-guerre, soit plus de 12 ans.

Pour la troisième fois de l'année, la Réserve fédérale américaine (FED) a, comme prévu, décidé de relever ses taux d'intérêts mercredi 26 septembre. Augmentés d'un quart de point de pourcentage, les taux sont portés dans la fourchette de 2 % à 2,25 %, leur plus haut niveau depuis dix ans à la veille de la crise financière.

Une nouvelle hausse est prévue d’ici la fin de l’année. En 2019, trois nouvelles augmentations sont programmées. Pour la première fois depuis 2011, la FED ne qualifie plus sa politique monétaire d'accommodante, ce qui était synonyme d'une politique monétaire à bas taux dans l'optique de soutenir la reprise.

Tout en considérant que la situation économie était porteuse, le Président de la FED, Jerome Powell, a néanmoins souligné « les inquiétudes grandissantes de la part des entreprises du pays, quant aux effets sur leur activité de la guerre commerciale déclenchée par le Président, Donald Trump, en particulier avec la Chine ». Il a mentionné les conséquences éventuelles de cette guerre sur les chaînes d'approvisionnement, l'accroissement des coûts ou encore les pertes de marché. Cette politique pourrait à ses yeux provoquer une perte de confiance des entreprises et, à terme, une diminution des investissements.

Pour 2018, la FED prévoit une croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain de 3,1 % contre 2,8 % anticipés en juin. L'inflation devrait atteindre, cette année, comme prévue, 2,1 %. Le taux de chômage devrait s'établir à 3,7 % avant de diminuer à 3,5 % en 2019 et 2020. Pour 2019, la croissance du PIB devrait ralentir à 2,5 %, même si ce taux est légèrement supérieur aux prévisions de juin (+0,1 point). Dans le même temps, l'inflation sera moins forte que prévu à 2,0 % (-0,1 point). Pour la première fois, la FED a publié ses prévisions pour 2021. La banque centrale s'attend à une hausse du PIB de 1,8 %, une inflation de 2,1 % et, surtout, des taux d'intérêt inchangés. Si cette prévision s’avère exact, les États-Unis auront alors connu leur plus long cycle de croissance de l’après-guerre, soit plus de 12 ans.

Le patron de la FED a assuré que le système financier américain ne présentait « pas de vulnérabilité flagrante ». Il a admis que certaines valorisations sur le marché boursier étaient « dans la fourchette haute de leur valeur historique » mais ne voit pas une éventuelle correction comme un risque pouvant faire dérailler l'économie.

Le président Donald Trump a critiqué la hausse des taux. Il ainsi déclaré que « malheureusement, ils viennent juste d'augmenter un peu les taux d'intérêt parce que nous (l'économie) nous portons bien. Je ne suis pas content ». Interrogé sur les critiques de Donald Trump, le Président de la FED a répondu que la Banque centrale ne tenait pas compte des facteurs politiques pour prendre ses décisions.

Le déficit sera bien de 2,4 % en 2019

Le gouvernement italien aime bien jouer avec les nerfs des autorités européennes et des marchés. Le sujet de tension concerne cette fois ci le projet de budget pour 2019. Une opposition s’est faite jour dans la dernière ligne droite des négociations entre le duo constitué des vice-présidents du Conseil, Luigi Di Maio, leader du Mouvement 5 Etoiles (M5S), et Matteo Salvini, patron de la Ligue et le ministre des Finances, Giovanni Tria. Ce dernier s’est engagé à contenir le déficit entre 1,8 % et 1,9 % quand les deux premiers souhaitaient un déficit de 2,4 %. Le ministre des Finances avait dû accepter de guerre lasse d’intégrer le « revenu de citoyenneté » dans le projet de budget, satisfaisant ainsi l’une des promesses de campagne du leader du M5S.

Le ministre des Finances a dû in fine se ranger derrière la position des deux vice-présidents : le déficit sera bien de 2,4 % en 2019. Cette annonce a été perçue par les marchés comme une agression. Certes, ce déficit reste inférieur aux 3 % du Traité de Maastricht et aux 2,8 % de la France. Il pourrait néanmoins compromettre la maîtrise de la dette publique qui est le talon d’Achille de l’Italie, en dépassant plus de 132 % du PIB.

En raison de l’annonce du vice-président, Luigi Di Maio, le rendement des emprunts d'Etat a augmenté vendredi 28 septembre de 35 points de base, à 3,23 %. L’écart de taux avec le bund allemand atteint 278 points de base.

La Bourse de Milan a perdu vendredi 28 septembre 4,22 % en raison de la baisse des valeurs bancaires, toujours perçues comme fragiles. La cotation de certaines actions a même dû être interrompue. Intesa Sanpaolo, UniCredit et Banco BPM perdaient plus de 8 % en milieu d'après-midi ce vendredi.

Si la question de l'appartenance de l'Italie à la zone euro n'est pas d’actualité, la monnaie commune a connu, cette semaine, un léger repli. L'euro est, en effet, repassé en début d’après-midi sous les 1,16 dollar avant de remonter un peu en fin de journée.

Philippe CREVEL