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La France prête à renégocier la dette grecque

Michel Sapin et Emmanuel Macron ont fait un pas vers le gouvernement grec, tout en posant leurs conditions.

Michel Sapin et Emmanuel Macron ont fait un pas vers le gouvernement grec, tout en posant leurs conditions. - Stephane de Sakutin - AFP

Michel Sapin, le ministre des Finances, a ouvert la voie à une discussion sur les "modalités techniques" du remboursement de la dette grecque ce jeudi. Tout en posant ses conditions.

Même si Paris a salué la victoire de Syriza aux élections législatives grecques, le programme du nouveau gouvernement inquiète. Michel Sapin, le ministre des Finances français, a ainsi posé ses conditions à la renégociation de la dette grecque.

"L'annulation est une aberration, la renégociation est sur la table", déclare-t-il ainsi dans un entretien publié jeudi sur le blog de Libération "Coulisses de Bruxelles". "Il y a toute une série de modalités techniques possibles à discuter. Mais, attention, nous le ferons en tenant compte des engagements de réformes que prendra la Grèce", poursuit-il.

"Le plus douloureux, le rééquilibrage budgétaire, est déjà accompli mais le plus facile à faire sur le papier, la réforme de l'Etat grec, les réformes structurelles, restent encore largement en jachère", poursuit-il, en référence au fait que le pays dégage un excédent budgétaire primaire, c'est-à-dire hors coût de la dette.

La Grèce doit "bâtir un Etat moderne"

"Il est hors de question d'accepter que le budget grec soit à nouveau déséquilibré et reparte dans une spirale de déficit", ajoute le ministre sous forme de mise en garde quant à l'application du programme de relance promis par le parti Syriza avant sa victoire.

"De toute façon, pour financer une telle politique, il faudrait que le gouvernement se finance sur les marchés ou auprès des bailleurs de fonds, et je pense que personne ne serait prêt à lui prêter de l'argent sans condition", dit-il.

Au registre des réformes structurelles, Michel Sapin estime que la Grèce se doit de "bâtir un Etat moderne, efficace, une administration fiscale indépendante et capable de faire rentrer l'impôt".

Macron lance un avertissement

Un peu plus tôt, Emmanuel Macron avait jugé normal qu'il y ait une négociation sur la dette grecque, tout en soulignant que le pays ne pouvait déroger à ses engagements."J'entends celles et ceux qui aimeraient voir dans le moment grec que nous vivons une espèce d'explication, la possibilité d'une nouvelle politique économique", a expliqué le ministre de l'Economie lors de ses voeux à la presse.
"C'est oublier d'où vient la Grèce, la responsabilité historique de celles et ceux qui ont conduit la Grèce à la crise de la fin des années 2000 et oublier la différence qu'il y a entre une politique de sérieux budgétaire et une politique d'austérité", a-t-il complété.

Les déclarations d'Emmanuel Macron sont moins conciliantes que celles d'autres responsables socialistes qui suggèrent plus directement que la France est favorable à un rééchelonnement de la dette grecque.

Y.D. avec AFP