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La Grèce se rapproche inexorablement d'un défaut de paiement

La Grèce et ses créanciers ne trouvent toujours pas d'accord.

La Grèce et ses créanciers ne trouvent toujours pas d'accord. - Aris Messinis - AFP

La Grèce et ses créanciers n'ont pas réussi à trouver d'accord. Elle doit pourtant les rembourser avant le 30 juin.

Plus le temps passe et moins la situation semble s'arranger. Les discussions entre la Grèce et ses créanciers, UE et FMI, sont plus près que jamais du point de rupture, après un nouvel échec dimanche des négociations sur la poursuite du financement du pays. Un statut quo qui fait chuter la Bourse d'Athènes. Elle perd plus de 7% ce lundi à l'ouverture.

Ce lundi 15 juin, Alexis Tsipras a déclaré que "on ne peut que voir un dessein politique dans l'insistance des créanciers sur de nouvelles baisses des retraites après cinq années de pillage sous les plans d'aide. Nous attendrons patiemment que les institution accèdent au réalisme."

Le commissaire européen Günther Oettinger a, de son coté, annoncé: "sans accord avec les créanciers, il y aura un état d'urgence en Grèce à partir du 1er juillet".

Reprise des négociations

Les rencontres reprendront désormais jeudi dans le cadre de l'Eurogroupe, le cénacle des ministres des Finances de la zone euro, en présence de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.

"On est à la limite du temps disponible pour sauver la situation", a cependant confié une source européenne à l'AFP. La Grèce doit rembourser le 30 juin 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI, et risque fort de ne pouvoir honorer cette échéance sans le versement de 7,2 milliards d'euros, suspendu depuis l'été dernier et lié à un accord avec les créanciers sur une série de réformes.

Or, ce week-end, "les Grecs sont venus les mains dans les poches", a estimé, amère, une source proche des négociations. "Ils ont un seul leitmotiv : avoir une négociation politique", a-t-elle ajouté, c'est-à-dire dans le cadre d'un sommet européen, dont le prochain est programmé fin juin. A Athènes, on a imputé l'échec des négociations aux réclamations "irrationnelles" des créanciers, en particulier du FMI, accusé d'avoir une position "intransigeante et dure".

Jugeant que les proposions grecques ne "tenaient pas la route", le représentant du FMI, Poul Thomsen, n'a finalement pas participé aux discussions dimanche, selon une source bien informée. Le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait pourtant redoublé d'efforts pour tenter d'arracher un accord, après avoir rencontré plusieurs fois dans la semaine le Premier ministre grec Alexis Tsipras. La séance de négociations organisée ce week-end à Bruxelles était vue comme une "dernière tentative" pour "trouver une solution avec le Premier ministre" grec. Etaient réunis des négociateurs grecs proches de Alexis Tsipras, le chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, Martin Selmayr, des représentants du MES, le fonds de soutien de la zone euro.

45 minutes de discussions

Malgré ce volontarisme, les discussions se sont conclues dimanche au bout de 45 minutes seulement, sans l'once d'un accord, en raison de "divergences importantes" qui subsistent entre les deux parties. "Les propositions grecques restent incomplètes", a insisté un porte-parole de la Commission, indiquant qu'il manque "jusqu'à deux milliards d'euros" d'efforts budgétaires annuels pour qu'Athènes obtienne l'aide financière qui peut lui éviter l'asphyxie. Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l'excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), dont dépend le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser en Grèce. Les créanciers demandent qu'il atteigne 1% cette année.

Athènes a laissé entendre qu'il pouvait concéder 0,9% d'excédent pour 2015, mais refuse une baisse des salaires ou des retraites ou des augmentations de la TVA sur l'électricité. Or, pour le FMI, il est tout simplement impossible d'atteindre un tel excédent sans réforme des retraites et hausse de la TVA, a rappelé son chef économiste, Olivier Blanchard, tout en invitant les Européens à faire un geste de leur côté sur la dette du pays. Un accord sur la Grèce nécessitera des "décisions difficiles" de la part des autorités d'Athènes mais également de la part des Européens, a-t-il écrit sur son blog.

Les Européens se refusent à envisager un allègement de la dette grecque, synonyme de pertes sèches, et se concentrent uniquement dans l'immédiat sur les réformes censées ramener le pays sur les rails. "Nous voulons aider la Grèce et la maintenir dans la zone euro. Cependant, non seulement le temps commence à manquer, mais partout en Europe, la patience également", a mis en garde le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel (social-démocrate). "A travers toute l'Europe, il y a le sentiment croissant que ça suffit!", a-t-il martelé dans des commentaires repris par le quotidien allemand Bild.

D. L. avec AFP