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La "guerre des religions" de Yanis Varoufakis

Yanis Varoufakis regrette que l'Europe ne se dote pas d'une stratégie de croissance

Yanis Varoufakis regrette que l'Europe ne se dote pas d'une stratégie de croissance - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

L'ex-ministre grec des Finances est revenu sur les difficultés qu'il a eues avec ses partenaires européens à trouver un accord pour la Grèce. Il y voit une opposition entre une "Europe chrétienne" et une "Europe calviniste".

L'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a défendu ce samedi 5 septembre avec ardeur et un humour souvent teinté d'amertume, son "plan" pour sortir la Grèce de la crise. Plan que les responsables européens, a-t-il assuré, n'ont jamais voulu prendre en compte.

"Il a été impossible de le mettre sur la table de l'Eurogroupe ou de le discuter avec la troïka" des créanciers de la Grèce, a-t-il déclaré devant des dizaines de responsables européens et italiens, rassemblés à Cernobbio, en Italie, dans le cadre du Forum Ambrosetti.

"Pourquoi nous a-t-on refusé le droit de le discuter ?", s'est interrogé l'ancien ministre, pour qui la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) considérait ce "plan grec" comme un "acte hostile".

Le "radicaliste" Larry Summers

"Pourtant, il a été concocté avec l'aide d'experts internationaux comme le "gauchiste radical" Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor américain, a ironisé Yanis Varoufakis, pour qui il ne fait aucun doute que ce plan aurait fonctionné.

Les Européens ont pourtant privilégié un accord dont "le ministre allemand des Finances Wolgang Schäuble, moi-même, le Trésor américain, le Fonds monétaire international et tant d'autres personnes disons qu'il est impossible à mettre en oeuvre avec succès", a-t-il insisté.

Dans ce memorandum européen, il n'y a rien sur la croissance, à part une référence à un plan devant être élaboré d'ici mars 2016, a assuré l'ancien ministre démissionnaire.

"Une grande contestation catholique"

"Après toutes ces années, nous n'avons toujours pas de plan de croissance !", a-t-il lancé, estimant que la diète imposée à la Grèce s'était révélée un "échec spectaculaire". Yanis Varoufakis a alors avancé une hypothèse: "Nous sommes confrontés à une "guerre de religion" entre "l'Europe catholique", prête à la mansuétude face au mauvais payeur, et "l'Europe calviniste", rigoureuse et soucieuse du respect des engagements".

"Je me demande où se trouvent les Grecs" dans ce contexte, s'est-il interrogé, évoquant une situation où "on a voulu imposer des réformes économiques orthodoxes et que tout cela s'est fini dans une grande contestation catholique".

Tout comme "la Grande-Bretagne et les Etats-Unis sont divisées par une langue commune (...), les Européens sont parvenus à se diviser sur une monnaie commune", a poursuivi l'ancien ministre grec, qui a multiplié ces dernières semaines interventions et interviews pour dénoncer l'entêtement des Européens.

"Le problème de l'Europe, c'est que la France et l'Allemagne ne sont pas d'accord sur la forme que doit prendre la future union politique", a-t-il encore assuré.

J.M. avec AFP