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La Lituanie rentre dans la zone euro

Le pays devient le 19ème membre de la zone euro

Le pays devient le 19ème membre de la zone euro - Sarunas Burdulis Wikimedia Commons CC

Ce petit état balte a adopté la monnaie commune mercredi à minuit dans l'allégresse générale. Il rejoint ainsi la Lettonie et l'Estonie.

La Lituanie a adopté mercredi 31 décembre à minuit (22h00 GMT) l'euro, la monnaie commune de l'Union européenne, dans l'espoir de mieux s'arrimer à l'ouest face à d'hypothétiques ambitions de Moscou et malgré le risque de voir les prix s'envoler. 

Avec l'adoption de l'euro par la Lituanie, environ 337 millions d'Européens de 19 pays partagent désormais la même monnaie, a souligné la Commission européenne.

Feux d'artifices

Quelques minutes après minuit, le Premier ministre lituanien Algirdas Butkevicius a retiré d'un distributeur un premier billet de 10 euros, en présence de plusieurs personnalités, alors que des feux d'artifice ont salué l'événement dans le ciel lituanien. "L'euro servira de garantie à notre sécurité économique et politique", a-t-il déclaré avant de lever le billet haut dans ses mains.

Parachevant l'adhésion à l'euro des trois anciennes républiques soviétiques baltes - l'Estonie l'avait adoptée en 2011 et la Lettonie en 2014 -, la Lituanie y voit "un symbole d'une plus grande intégration économique et politique avec l'Occident", a dit la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite. "Cela marque symboliquement l'étape finale de notre intégration dans l'UE", a-t-elle déclaré.

La Russie inquiète

Les pays baltes, sortis d'un demi-siècle d'occupation soviétique au début des années 90, ont rejoint l'UE et l'Otan en 2004. Aujourd'hui, ils observent avec inquiétude la politique du Kremlin en Ukraine, et l'activité intensifiée des forces armées russes à proximité de leurs frontières.

Selon un sondage de novembre, sur trois millions de Lituaniens, quelque 53% soutiennent le passage à l'euro et 39% sont contre. Le ministre lituanien des Finances, Rimantas Sadzius, a estimé récemment dans une déclaration à l'AFP que "des raisons de sécurité sont parmi les causes du soutien populaire à l'euro".

Soutien populaire

"La Lituanie est un pays européen et donc doit avoir la même monnaie. Je la soutiens vraiment", a déclaré à l'AFP Robertas Rancys, 44 ans, dans une rue de Vilnius sous la neige. La cinquantenaire Vida Zurziene se déclarait "nostalgique" de la monnaie nationale, le litas. "J'ai gardé quelques pièces de monnaie pour les montrer à mes petits-enfants. Je pense que les prix des services, comme le coiffeur, vont augmenter. Mais il sera plus facile de voyager", a-t-elle dit.

L'adhésion de la Lituanie à la zone euro aura un impact sur les modalités de vote au sein du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, où quatre pays au lieu de trois seront désormais contraints chaque mois de s'abstenir à tour de rôle.

Vilnius s'est engagé à verser des centaines de millions d'euros au fonds de secours européen destiné à aider les pays du sud endettés. "Ces engagements sont une grande charge et augmentent notre endettement. Nous aurions dû repousser notre adhésion", estime l'analyste financier Valdemaras Katkus.

Retard dû à la crise

Le gouvernement insiste sur l'expérience positive de l'Estonie et de la Lettonie. Le litas était lié à l'euro depuis 2002 et Vilnius comptait sauter le pas entre les deux monnaies en 2007 mais la crise a tout retardé et imposé une politique d'austérité. Celle-ci a poussé de nombreux Lituaniens à chercher du travail à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne, tout en contribuant a relancer l'économie nationale.

La Lituanie jouit d'un "bilan solide des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles qui ont débouché sur un des taux de croissance les plus élevés en Europe, conjugué avec une baisse constante du chômage", a souligné dans un communiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

La fête nocturne était marquée par des projections vidéo dans les grandes villes lituaniennes tandis que les clients des bars étaient invités à déguster des "cocktails euro" - sans alcool.

J. H. avec AFP