BFM Business
International

La Russie va attaquer la Turquie au portefeuille

Vladimir Poutine prépare des mesures de rétorsion.

Vladimir Poutine prépare des mesures de rétorsion. - Maxim Shipenkov - AFP

L'aviation turque a abattu un bombardier russe. La sanction de Moscou ne s'est pas fait attendre.

La sanction risque d'être lourde pour Ankara. Deux jours après le crash d'un bombardier russe abattu par l'aviation turque à la frontière syrienne, la Russie a annoncé jeudi préparer des mesures de rétorsion économique contre Ankara.

Et après avoir joué l'apaisement depuis l'incident, le président turc Recep Tayyip Erdogan a à son tour haussé le ton en rejetant les excuses demandées par Vladimir Poutine. "Ceux qui ont violé notre espace aérien sont ceux qui doivent s'excuser", a déclaré Tayyip Erdogan, tempêtant contre les Russes "calomniateurs" et déplorant que Vladimir Poutine n'ait jusque là pas répondu à ses appels téléphoniques. "Nous avons l'impression que les dirigeants turcs conduisent sciemment les relations russo-turques dans l'impasse", a fustigé de son côté le président russe.

Depuis le crash de l'avion russe, premier revers militaire pour la Russie depuis le début de son intervention militaire en Syrie le 30 septembre, Ankara et Moscou ont assuré vouloir éviter une escalade militaire dans la région. Mais les autorités russes ont bien l'intention de recourir à l'arme économique. Suivant les ordres de Vladimir Poutine, le Premier ministre Dmitri Medvedev a ainsi demandé au gouvernement de préparer dans les deux jours une série de mesures de rétorsion. Il a laissé entendre que des projets conjoints pourraient être suspendus, les droits de douanes augmentés, les liaisons aériennes restreintes. L'utilisation de la main d'oeuvre turque en Russie pourrait aussi être affectée.

Renforcement des contrôles sur les produits agricoles

Ces mesures risquent de remettre en cause la construction en cours de la première centrale nucléaire turque à Akkuyu (sud) et d'enterrer le projet de gazoduc TurkStream déjà mal en point, dont Moscou voulait faire la porte d'entrée du gaz russe vers l'Europe du Sud. Le ministère russe de l'Agriculture a de son côté annoncé un renforcement des contrôles sur les produits agricoles et alimentaires importés de Turquie pour cause de "violations répétées des normes" sanitaires, motif souvent invoqué par la Russie comme arme commerciale en fonction de ses nécessités géopolitiques. Les importations turques en Russie ont dépassé trois milliards de dollars sur les trois premiers trimestres cette année, dont 280 millions de dollars pour les tomates.

Selon la presse russe, les douanes inspectent d'ores et déjà scrupuleusement toutes les marchandises arrivant de Turquie sans se limiter à la nourriture, entraînant retards et blocages. Et les Russes se trouvant en Turquie ont été appelés à rentrer en Russie par le ministère des Affaires étrangères, qui a invoqué "l'actuelle menace terroriste en Turquie". Cette annonce pourrait priver la Turquie, destination favorite des Russes, de plus de trois millions de touristes par an. 

D. L. avec AFP