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La Suède prévient: une faible dette publique "n’est pas un don de Dieu mais le résultat d’un effort"

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La proposition franco-allemande de plan de relance reste très critiquée par les pays "frugaux" qui réclament des prêts plutôt que des subventions aux pays en difficulté. La ministre des Finances suédoise n'entend d'ailleurs pas faire de cadeaux à ses partenaires européens.

Les négociations sur le plan de relance commun s'annoncent tendues entre le couple franco-allemand et les quatre pays "frugaux" : l'Autriche, la Suède, les Pays-Bas et les Pays-Bas. Dans Le Monde, la ministre suédoise des Finances, Magdalena Andersson (sociale-démocrate), n'entend ainsi pas léser les "retraités suédois qui ont payé des impôts élevés pendant de nombreuses années" en permettant des subventions européennes aux pays en difficulté comme l'Italie et l'Espagne. Comme ses alliés autrichien, danois et néerlandais, la ministre veut donc que l'Europe se contente de prêts.

Car, les fameux retraités suédois n'ont pas envie de "voir leur argent aller aux retraités espagnols ou italiens, qui n’ont pas payé d’impôts aussi élevés" explique la ministre. D'autant que son pays affiche une des dettes les plus faibles du continent. "Ce n’est pas arrivé juste comme cela" insiste Magdalena Andersson. "Ce n’est pas un don de Dieu, mais le résultat d’un effort. (…) Nous avons pu ainsi rembourser notre dette publique, ces vingt dernières années. Ce qui n’a pas été fait partout."

Un fonds trop faible?

La question de la dette publique est d'ailleurs au cœur des tensions européennes, croit-elle. "Nous devons faire face à de puissantes forces eurosceptiques" assure-t-elle. "Or elles risquent de croître, si le contribuable suédois voit son argent finir chez des contribuables étrangers, sans contrepartie. Je dois pouvoir expliquer aux Suédois comment j’utilise leur argent. Il en va de la légitimité de l’UE."

Selon elle, le plan de relance n'aura d'ailleurs pas un impact retentissant. "Soyons clairs : le fonds, quelle que soit sa taille, ne va pas relancer l’économie européenne à lui tout seul. Même s’il est conséquent, les budgets nationaux sont et resteront bien plus importants" juge la ministre.

Critiques contre la France

Et de conclure par un petit tacle à la France, accusée d'avoir saisi une livraison de masques suédois destinée à l'Italie et l'Espagne, en pleine pandémie. "Je trouve très provocant que des pays qui, de différentes manières depuis le début de la crise sanitaire, ont violé le marché intérieur, en bloquant par exemple l’exportation d’équipements médicaux, nous parlent de solidarité".

Thomas Leroy