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Le Brexit aura-t-il lieu ?

La Première ministre britannique Theresa May quitte Downing Street le 5 décembre pour aller défendre son texte sur le Brexit au Parlement.

La Première ministre britannique Theresa May quitte Downing Street le 5 décembre pour aller défendre son texte sur le Brexit au Parlement. - BEN STANSALL / AFP

Theresa May retourne à Westminster ce mercredi pour défendre son accord sur le Brexit après avoir essuyé une série de revers qui pourraient bien entraver le processus de divorce.

La première journée du débat parlementaire autour du Brexit a été mouvementée pour Theresa May. Avant même que ne démarrent les discussions à la Chambre des Communes, son gouvernement a subi un premier revers, après avoir été déclaré coupable d’ « outrage au Parlement » par une majorité de députés (dont ses supposés alliés unionistes irlandais du DUP).

Un avis juridique « dévastateur »

Les députés lui ont reproché de n’avoir publié qu’un résumé de l’avis juridique sur le contenu de l’accord négocié par la Première ministre avec les Européens. Theresa May a donc été obligée ce mercredi d'en publier l’intégralité. Il en ressort que les négociations de sortie risquent de s'enliser en raison du « filet de sécurité » qui vise à éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande et que la Grande-Bretagne risque d'être piégée "indéfiniment" dans une union douanière avec l'Union européenne. Le vice-président du DUP a qualifié de "dévastateur" l'avis juridique complet.

Revers en série pour Theresa May

Après leur vote sur l'« outrage au Parlement », Theresa May a subi un deuxième revers de la part de la Chambre des Communes : le vote d’un amendement déposé par un député conservateur, partisan du maintien dans l’Union européenne et d’un second référendum. Cet amendement prévoit que le Parlement pourra reprendre la main en cas de rejet de l'accord de divorce mardi prochain : il pourra alors proposer d’autres options de sortie, ou bien forcer le gouvernement soit à renégocier avec l’UE, soit à organiser un second référendum. Cet amendement vise à éloigner la menace d’un divorce sans accord, ce fameux « no deal » souhaité par seulement une poignée de Tories europhobes. Mais en donnant corps à l’hypothèse d’un 2ème référendum, il permet du coup à Theresa May d’agiter l’épouvantail d’un « No Brexit » pour convaincre les députés de donner leur feu vert à son accord.

« Voler le Brexit au peuple britannique »

Le vote de cet amendement hérisse les partisans de cet accord comme les tenants d’un « hard Brexit ». Le ministre britannique au Commerce a exprimé sa crainte ce mardi que le Parlement ne parvienne à bloquer le processus de divorce avec l’UE. « Il existe un danger réel que la Chambre des communes, qui a une majorité naturelle en faveur d'un maintien (dans l'UE), tente de voler le Brexit au peuple britannique. Cela serait un affront démocratique », a déclaré Liam Fox lors d'une audition devant une commission parlementaire.

En attendant, la Première ministre a ouvert ce mardi la première session du débat parlementaire en martelant que son plan constituait « la seule solution » pour sortir de l’UE et répondait « aux inquiétudes de ceux qui ont voté pour le retrait tout en rassurant ceux qui ont voté pour le maintien ». Un plan qui pour l’instant en tout cas rassemble une majorité contre lui, des travaillistes aux nationalistes écossais du SNP, en passant par de nombreux députés conservateurs et ses alliés nord-irlandais du DUP. Theresa May a jusqu’à mardi prochain pour les convaincre.