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Le Brexit est un "poison lent" pour les entreprises, avertit Ross McInnes (Safran)

Le président du conseil d'administration du groupe Safran estime que les entreprises installées au Royaume-Uni n'ont aujourd'hui plus aucune raison d'y réaliser leur croissance.

Il y a un an, Ross McInnes se voyait confier une mission: celle d'assurer, à la demande de Matignon, la promotion de "la France en direction des entreprises britanniques ou étrangères du secteur non financier implantées au Royaume-Uni et qui s'interrogent sur leur devenir hors de l'Union européenne". Depuis, le dirigeant franco-australien multiplie les visites outre-Manche afin de convaincre les sociétés en question de réaliser leurs prochains investissements en France.

De fait, le président du conseil d'administration de Safran – qui emploie plus de 4.000 personnes au Royaume-Uni dans 14 sites – estime, en effet, que les doutes liés au Brexit pèsent sur l'avenir des entreprises qui y sont implantées et que l'économie britannique commence à en pâtir sérieusement.

Le Brexit "est le poison lent de l'incertitude. Qu'il y ait un accord, ne résoudra pas cette incertitude", estime le président de Safran, qui était invité ce mercredi dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. Et de poursuivre: "Il y a aura une période de transition qui s'achèvera en principe le 31 décembre 2020". Durant cette période, précise-t-il, l'Union devrait "négocier un accord de libre-échange dont nous ignorons tout à ce stade des termes et conditions. Donc du point de vue des entreprises, l'incertitude se perpétuera".

Délocaliser la croissance

Aussi, Ross McInnes estime qu'"un certain nombre d'entreprises du secteur tertiaire notamment (…) qui se sont souvent installées au Royaume-Uni parce que l'on roule à gauche et que l'on y parle anglais (…) n'ont aucune raison désormais que leur croissance se fasse dans un pays qui n'est plus au sein de l'Union européenne et, qui plus est, aura des règles en matière d'immigration, de mobilité -puisque nous parlons de quotas d'immigration- qui deviendront bien plus incertaines".

Pas étonnant, poursuit-il, que dans ces conditions plusieurs entreprises situées outre-Manche envisagent désormais de s'implanter dans les autres pays membres de l'UE. Pour le coup, pointe le président du conseil d'administration de Safran, la France apparaît en bonne place. Elle serait même "très attractive" auprès de ces sociétés, assure-t-il.

Concernant le traité de libre-échange qui doit être négocié dans les prochains mois, Ross McInnes rappelle que, selon lui, "la ligne de crête sera d'éviter des barrières douanières". Et de conclure: "Par ailleurs, il faudra éviter le moins-disant social et environnemental pour ne pas avoir à nos portes une économie qui pratique des règles très différentes des nôtres, notamment en matière environnementale".

JCH