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Le budget italien explose le déficit

Matteo Salvini, Luigi Di Maio et Giuseppe Conte en juin dernier.

Matteo Salvini, Luigi Di Maio et Giuseppe Conte en juin dernier. - Andreas SOLARO / AFP

Le gouvernement populiste a dévoilé ce jeudi son budget. Le projet de loi de Finances prévoit un déficit en très forte hausse, à 2,4% du PIB, mais respecte les principales promesses de campagne des deux partenaires de coalition, la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles.

C'est une victoire pour le gouvernement italien. Les deux partenaires de la coalition, la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles, ont réussi à imposer plusieurs promesses de campagne, malgré les réticences du ministre de l'Economie, Giovanni Tria.

Promesses de campagne en partie tenues

Parmi les réformes prévues dans la Loi de Finances : l'instauration d'un revenu citoyen de 780 euros qui concernera 6,5 millions de personnes et dont le coût a été estimé à 10 millions d'euros. C'était la promesse phare du Mouvement 5 Etoiles. La Ligue n'a pas obtenu la mise en place de sa « flat tax », mais plus d'un million d'auto-entrepreneurs et d'artisans ayant un chiffre d'affaires inférieur à 65 000 euros vont bénéficier d'un taux d'imposition ramené à 15%.

Les deux partis avaient aussi promis pendant la campagne la remise à plat de la précédente réforme des retraites. Le gouvernement va introduire un « quota 100 », qui se calcule en additionnant la durée de cotisation et l'âge du cotisant. Par exemple, quelqu'un ayant atteint l'âge de 62 ans et ayant cotisé 38 ans pourra désormais partir en retraite. Cette mesure va permettre à 400 000 personnes de partir plus tôt à la retraite; elle est censée libérer autant de places sur le marché du travail pour « nos jeunes », a assuré Matteo Salvini, le leader de la Ligue (extrême droite) et ministre de l'lntérieur.
Enfin, la hausse de la TVA, prévue dans le précédent budget va être annulée, ce qui représente 12,5 milliards d'euros de recettes fiscales en moins.

« Nous faisons du bien à l'Italie et aux Italiens », a assuré le Président du Conseil, Giuseppe Conte. Le chef de file du Mouvement 5 Etoiles et vice-président s'est lui félicité sur les réseaux sociaux : « aujourd'hui est un jour historique. Aujourd'hui, l'Italie a changé ».

Le creusement annoncé du déficit inquiète Bruxelles et les marchés

Résultat : le déficit italien va bondir à 2,4% du PIB au lieu des 0,8% prévu par le précédent gouvernement de centre-gauche. La coalition populiste assure ne pas vouloir aller au conflit avec Bruxelles, et espère pouvoir dialoguer avec « l'UE et avec les grands investisseurs privés ».
Mais la pression est déjà forte, à la fois sur les marchés, inquiet de voir le déficit et la dette déraper, et à la Commission européenne. Ce budget est « hors des clous » a estimé son Commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, qui a qualifié « d'explosive » la dette publique italienne. A environ 132% de son PIB, l'Italie affiche en effet le ratio d'endettement le plus élevé de la zone euro après la Grèce.

La réponse de Rome n'a pas tardé : « Le droit des Italiens à la santé, à l'emploi et à la retraite compte plus que les menaces européennes (...) et les
arguments des bureaucrates de l'UE », a déclaré Matteo Salvini, lors d'une conférence de presse.

Delphine LIOU