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Le coût annuel du terrorisme au plus haut depuis 2001

Le coût des actions terroristes à travers le monde devrait continuer à augmenter ces prochaines années, et provoquer une hausse de la prime de risque géopolitique sur l'économie mondiale.

Le coût des actions terroristes à travers le monde devrait continuer à augmenter ces prochaines années, et provoquer une hausse de la prime de risque géopolitique sur l'économie mondiale. - DIRK WAEM / BELGA / AFP

"Selon une étude de l’Institut Américain de l’Économie et de la Paix et Global Advisors, les dégâts du terrorisme sur l’économie mondiale seraient de 50 milliards de dollars sur l’année 2014, au plus haut depuis 2001 et les attentats de New York et Washington."

Le monde est en état de guerre mondiale contre le terrorisme depuis 3 ans, et les chiffres le confirment. Jamais les dégâts économiques n’avaient été aussi élevés depuis septembre 2001.

Et encore, l’étude américaine en question a un an de décalage et ne parle que de l’année 2014. Également, ce montant de 50 milliards n’évoque que les dégâts directs et de court terme, et dommages immédiats liés aux actions terroristes à travers le monde.

Inflation continue

Les attentats de septembre 2001, au total, auront coûté beaucoup plus cher, un montant d’environ 3.300 milliards de dollars, si l’on prend en compte le financement des guerres d’Afghanistan et d’Irak qui ont suivi, les retraites des vétérans, et l’impact économique général de plus long terme.

C’est pourquoi ces 50 milliards de dollars évoqués pour l’année 2014 laissent augurer d’une inflation très marquée des coûts au niveau mondial, au vu d’une année 2015 qui aura été marquée certes par les deux vagues d’attentats à Paris (janvier et novembre), ainsi qu’une multitude d’attentats au Moyen-Orient et en Afrique. Le tout avec de très importantes conséquences de long terme.

Risques géopolitiques directs et indirects

Quelles sont les conséquences pour la sphère économique mondiale? Premièrement, la prime de risque sur les marchés financiers augmente. Elle ne perturbe pas outre mesure la tendance, mais existe réellement.

Car plus que les attaques terroristes et les guerres, les marchés appréhendent les conséquences indirectes. Comme les vagues de réfugiés de guerre qui provoquent la montée des extrémismes en Europe par exemple.

Prime de risque discrète… mais présente

Et si on regarde le sondage de l’Institut Américain de l’Économie et de la Paix qui complète ses chiffres, effectués sur un échantillon de population américain, les trois premières menaces sont liées: terrorisme international, nucléaire iranien et cyber-terrorisme. La guerre en Syrie et la Corée du Nord n’arrivant que sensiblement derrière.

Un ensemble de catalyseurs de nature à alimenter plusieurs mouvements distincts. Car même si la volatilité générale des indices est plutôt réduite en ce moment sur les marchés, on peut détecter la hausse de la prime géopolitique à travers un certain nombre de facteurs.

Recherche de valeurs-refuge

Les secteurs de l’aérien, du tourisme et de l’hôtellerie sont très volatils. Comme on a pu le voir dernièrement, ceux-ci ont très violemment réagi aux attentats de Bruxelles, en regagnant ensuite pas mal de terrain.

D'autre part, on observe un mouvement d’achat latent sur un certain nombre de valeurs-refuge, notamment le dollar, l’or et les bons du trésor des pays développés.

Or et dollar en vedettes

Certes, certaines tendances de court terme limitent parfois le phénomène, comme ces derniers jours, mais la tendance de plus long terme est bien là. L’or en particulier gagne toujours près de 15% depuis le début de l’année, proche d’un plus haut de 4 ans.

Le dollar poursuit un mouvement de hausse qui s’annonce certes long et graduel, mais inéluctable. Il se maintient depuis le début de l’année sur des plus hauts quasi-historiques après une hausse ininterrompue sur 2014 et 2015.

Les banques centrales à la manoeuvre

Enfin les bons du trésor, déjà massivement au cœur des stratégies d’achat des banques centrales à travers les plans de la BCE et de la Banque du Japon, subissent aussi des vagues d’achat quand l’incertitude augmente, quitte à ce que les taux deviennent négatifs. 

Un mouvement qui risque de s’amplifier tant que le risque géopolitique sera élevé. Les banques centrales étant soucieuses de calmer le marché, elles seront sans doute promptes à réagir pour être plus accommodantes, d’autant plus qu’un risque géopolitique existe et menace la croissance mondiale.

La défense au premier rang

Enfin, dernier effet très net, la surperformance massive de toutes les valeurs du secteur de la défense. Un phénomène qu’on constate là aussi encore sur le long terme et comparativement aux autres actifs.

Thalès gagne 136% sur 3 ans, alors que le SBF120, son indice de référence, en gagne 9 fois moins. Aux États-Unis, Lockheed Martin prend 130%, Northrop Grumman +178% et Raytheon +111%, là où le S&P500, l’indice large de la bourse américaine, ne prend que 58%.

Antoine Larigaudrie