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Le déficit commercial des Etats-Unis a reculé en 2019, une victoire pour Donald Trump à nuancer

Donald Trump - SAUL LOEB / AFP

Donald Trump - SAUL LOEB / AFP - -

Le président américain semble ressortir vainqueur de son bras de fer avec la Chine dont les exportations vers les Etats-Unis chutent de 17% sur l'année. Les Etats-Unis bouclent 2019 avec un déficit commercial en baisse, une première en six ans.

La victoire se profilait depuis plusieurs semaines, elle se confirme ce mercredi. Le président américain Donald Trump, qui a fait de la réduction du déficit commercial en général (et en particulier celui avec l'empire du Milieu) une priorité de son mandat, semble avoir remporté son pari.

Le déficit des biens et des services des Etats-Unis s'est en effet réduit en 2019, pour la première fois depuis 2013. Le bras de fer engagé par le président américain contre la Chine sur le terrain commercial a bien tourné à son avantage.

Il s'est donc établi à 616,8 milliards de dollars (-1,7% sur un an) avec des exportations évaluées à 2.499,8 milliards (-0,1%) et des importations de 3.116,5 milliards (-0,4%), selon les données du département du Commerce publiées mercredi. Hors échanges de services, le déficit commercial diminue de 2,4%.

Les seules importations de biens chinois, qui ont été frappées de droits de douane punitifs par l'administration Trump, ont fondu de 17,6% sur un an. La diminution des produits chinois a toutefois été compensée par une hausse des importations en provenance du Canada (+41,9%) et du Mexique (+26%), les deux grands partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les importations de biens des pays de l'Union européenne ont quant à elles augmenté de 5,4%.

La baisse du déficit commercial américain intervient après une année 2018 record où le déficit avait atteint un niveau inédit en 10 ans. La vigueur du dollar avait alors défavorisé les exportations américaines quand le yuan avait dopé les exportations chinoises.

Une victoire à nuancer

La réduction du déficit et des importations, voulue par Donald Trump, n'est pas nécessairement une bonne nouvelle car à défaut d'exportations en hausse, elle reflète souvent une économie qui ralentit. De fait, la croissance de la première économie mondiale est allée moins vite en 2019 (2,3% en rythme annuel contre 2,9% en 2018).

Par ailleurs, s'il y a une baisse du déficit, ce dernier reste plus élevé qu'en 2017 (où il s'élevait -550,1 milliards de dollars), autrement dit la dernière année avant le déclenchement de la guerre commerciale (qui commence à partir de mars 2018). 

En outre, la baisse des importations de matériaux destinés à l'industrie manufacturière, dont le plastique et le pétrole brut, ont accusé une baisse de 9,3% en 2019. C'est que ce secteur, cher à l'hôte de la Maison Blanche, est entré en récession au cours de l'été.

Les importations de biens d'équipement comme les accessoires informatiques et les équipements en télécommunication ont également diminué alors que les entreprises américaines ont freiné leurs investissements en raison de l'incertitude entourant l'issue de la guerre commerciale.

A contrario, les importations de biens de consommation courante telles que les vêtements, les chaussures de sport ou les ustensiles de cuisine ont continué de progresser, illustrant la bonne tenue de la consommation des ménages qui a largement soutenu l'expansion de la croissance américaine. Les Américains ont aussi été plus friands de voitures importées de l'étranger.

L'affaire du 737 MAX plombe les exportations

S'agissant des exportations, au rang des bonnes nouvelles, les exportations de soja, qui s'étaient effondrées en 2018 en raison de représailles chinoises, ont rebondi de 8,2% à 19,64 milliards de dollars. Cette progression n'a toutefois pas compensé la baisse de 18,2% enregistrée un an plus tôt. De plus, les exportations de maïs ont plongé de 36,5%.

Les exportations ont par ailleurs été plombées par la crise du 737 MAX de Boeing, gros contributeur du commerce extérieur. Cet avion vedette du constructeur américain a été cloué au sol en mars 2019 par les autorités de sécurité aérienne du monde entier à la suite de deux accidents rapprochés ayant fait un total de 346 morts. Résultat, les exportations d'avions civils ont reculé de 22,2%.

L'année 2020 sera-t-elle différente avec la signature de la trêve entre les deux plus grandes puissances économiques du monde qui s'est finalement matérialisée mi-janvier à travers un accord commercial préliminaire? La Chine s'est engagée à acheter pour 200 milliards de dollars supplémentaires de produits américains au cours des deux prochaines années.

Mais ces achats risquent d'être retardés par le nouveau coronavirus qui sévit en Chine.

Enfin, la majorité des tarifs douaniers imposés depuis 2018 sur les produits chinois reste en place.

OC avec AFP