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Le G20 se réunit en urgence sur fond de pandémie

Poignée de main entre le président chinois, Xi Jinping, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, lors du sommet du G20 à Osaka le 28 juin 2019 (photo d'illustration)

Poignée de main entre le président chinois, Xi Jinping, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, lors du sommet du G20 à Osaka le 28 juin 2019 (photo d'illustration) - Kim Kyung-Hoon-AFP

Les dirigeants du G20 tiennent un sommet virtuel jeudi pour coordonner leur réponse à la menace de récession que fait peser le nouveau coronavirus sur l'économie mondiale.

Les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine se joindront à la vidéoconférence présidée par le roi Salmane d'Arabie saoudite, dont le pays est pressé d'autre part de mettre fin à une guerre des prix du pétrole avec Moscou qui a fait chuter les marchés de l'énergie.

Les discussions ont lieu alors que le bilan mondial de la pandémie a dépassé les 21.000 morts et enfermé chez eux plus de 3 milliards de personnes autour du monde.

"Alors que le monde est confronté à la pandémie du Covid-19 et aux défis posés aux systèmes de santé et à l'économie mondiale, nous convoquons ce sommet extraordinaire du G20 pour unir les efforts en vue d'une réponse mondiale", a déclaré sur Twitter le roi Salmane, qui assure la présidence tournante du G20.

La réunion, qui devrait s'ouvrir à 12H00 GMT, intervient alors que les membres du G20 s'activent pour atténuer les effets du virus sur leurs économies.

Récession mondiale

Mercredi, l'agence de notation financière Moody's a averti que les économies du G20 devraient être dans leur ensemble en récession cette année en raison de la pandémie provoquée par le coronavirus.

Globalement, ces pays devraient subir une contraction de 0,5% de leur produit intérieur brut. Aux Etats-Unis, cette baisse sera de 2% et dans la zone euro de 2,2% (1,4% en France).

Alors que les pays riches, parmi lesquels les États-Unis, ont dévoilé des plans de relance colossaux, le G20 n'a jusqu'ici présenté aucun plan d'action collectif, et les inquiétudes s'intensifient pour les pays pauvres qui n'ont pas accès aux marchés des capitaux et n'ont pas de services de santé adéquats.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l'OMS, a exhorté le G20 à offrir son soutien aux "pays à faible et moyen revenu", notamment d'Afrique subsaharienne.

Cette semaine, le président français, Emmanuel Macron, et son homologue chinois, Xi Jinping, ont fait pression pour la tenue d'un sommet d'urgence du G20, afin de limiter l'impact de la pandémie.

Selon des sources présidentielles françaises, la réunion se concentrerait sur "la coordination sur le plan sanitaire" et devrait envoyer un "signal fort" à la communauté financière sur les efforts visant à stabiliser l'économie mondiale.

"Aux abonnés absents"

Les dirigeants mondiaux étant divisés, la réunion contraste avec les sommets du G20 qui ont suivi la crise financière de 2008 et qui ont vu le groupe se mobiliser pour venir en aide aux pays vulnérables.

"Le G20 est aujourd'hui aux abonnés absents, contrairement à 2008", a déclaré Ian Bremmer, président et fondateur du groupe Eurasie.

Mercredi, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a pris la Chine pour cible, affirmant que le G7 des pays les plus industrialisés a constaté "une campagne intentionnelle de désinformation" de la Chine au sujet du nouveau coronavirus.

"Le Parti communiste chinois représente une menace importante pour notre santé et notre mode de vie, comme l'épidémie l'a clairement démontré", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Washington à l'issue d'une réunion virtuelle avec ses homologues du G7 (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Japon).

"Si les dirigeants du G20 peuvent mettre la politique de côté et parvenir à un accord collectif, les pays auront de meilleures chances de réussir et ou d'apporter plus de stimulation", à l'économie, a déclaré à l'AFP Markus Engels, de la Global Solutions Initiative.

Coordination

"La coordination entre les membres du G20 envoie un message fort d'unité et de confiance, deux éléments dont on a besoin de toute urgence maintenant", a-t-il ajouté.

Les prix du pétrole, déprimés par l'impact de l'épidémie sur la demande ainsi que par une guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie, devraient également être au centre des discussions.

Ryad fait face à la pression de Washington pour revenir sur sa décision d'augmenter la production et d'offrir les plus fortes baisses de prix depuis deux décennies en représailles au refus de la Russie de réduire l'offre alors que le virus fait chuter la demande.

Mercredi, M. Pompeo a exhorté le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à "se montrer à la hauteur des enjeux" et à "rassurer les marchés énergétiques et financiers mondiaux".

Les membres du G20 seront rejoints par les dirigeants d'autres pays touchés par la pandémie, notamment l'Espagne, la Jordanie, Singapour et la Suisse.

Des dirigeants d'organisations internationales telles que les Nations unies, la Banque mondiale, et les Organisation mondiale de la santé (OMS) et du commerce (OMC) y participeront également.

OC avec AFP