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Le Gabon réquisitionne une filiale de Veolia

La SEEG a longtemps suscité le mécontentement des usagers (ici en 2010).

La SEEG a longtemps suscité le mécontentement des usagers (ici en 2010). - Coumba Sylla - AFP

La Société d'énergie et d'eau du Gabon a été victime d'une "expropriation brutale", selon Veolia. L'État gabonais, de son côté, justifie sa décision par la "dégradation de la qualité du service rendu aux usagers".

L'État gabonais a rompu vendredi son contrat avec la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG), filiale au Gabon de l'entreprise française Veolia, pour "dégradation de la qualité du service rendu aux usagers".

"L'État gabonais a mis fin à la convention de concession qui le liait à la SEEG-Veolia" pour "dégradation de la qualité du service rendu aux usagers", indique un communiqué de presse du ministère gabonais des Eaux et Forêts vendredi.

"Aujourd'hui victime d'une expropriation brutale de la part de l'État gabonais, Veolia examine les conséquences juridiques de cette situation et attend du Gabon qu'il se conforme aux règles de droit et à ses engagements", a réagi le groupe Veolia dans un communiqué vendredi soir.

Selon ce même communiqué, "des hommes en armes ont réquisitionné la SEEG. Le groupe "proteste vigoureusement contre cette action brutale menée en dehors de toute règle de droit".

"Établie dans le pays depuis plus 20 ans, Veolia est l'un des plus grands employeurs et investisseurs étrangers au Gabon (366 milliards FCFA, environ 558 millions d'euros depuis 1997)", ajoute le texte.

La SEEG, présente depuis 1997 au Gabon dans le cadre d'un partenariat public-privé, avait le monopole de la distribution de l'eau et l'électricité dans le pays. Filiale de Veolia à 51%, elle avait vu son bail reconduit pour cinq ans en mars 2017.

Pénuries d'eau fréquentes

L'État a "procédé exceptionnellement à la réquisition temporaire de l'entreprise (...) dans le souci de préserver la continuité et la qualité du service public", indique le communiqué gouvernemental.

A Libreville, les coupures et les pénuries d'eau sont fréquentes et certains usagers se plaignent de payer des factures d'eau alors qu'ils ne reçoivent pas l'eau courante chez eux.

Selon Antoine Boo, directeur de la SEEG, interrogé en septembre par l'AFP, l'"urbanisation croissante" de Libreville et l'absence d'une nouvelle usine de production d'eau expliquaient en partie les pénuries.

La SEEG avait des retards de paiement envers les fournisseurs et un décalage de paiement des redevances à l'État, selon le dirigeant, qui expliquait que l'État avait également une dette envers la SEEG.

Le Gabon a annoncé la semaine dernière un plan de remboursement de 77% de sa dette intérieure, au moment, où, selon le Fonds monétaire international (FMI), le pays traverse une conjecture économique "difficile" même si "certains signes laissent entrevoir un retournement de la tendance".

Y.D. avec AFP