BFM Business
International

Le maire de Berlin veut lancer (une sorte) de revenu universel

Le maire de Berlin, Michael Müller, a proposé cette semaine de créer "un revenu universel de solidarité"

Le maire de Berlin, Michael Müller, a proposé cette semaine de créer "un revenu universel de solidarité" - Patrik Stollarz / AFP

Michael Müller a proposé d'offrir à des chômeurs des emplois à la mairie de Berlin et de les rémunérer trois fois plus que ce que prévoit le dispositif Hartz IV, l'équivalent allemand du RSA.

Le "miracle allemand" est souvent vanté sur le plan économique, moins sur le plan social. Outre-Rhin, la fameuse loi Hartz IV, dite de modernisation du marché de l'emploi lancée en 2005, fait encore largement débat. Le maire social-démocrate (SPD) de Berlin, Michael Müller, a proposé cette semaine de remplacer ce dispositif par "un revenu universel de solidarité", peut-on lire dans le Berliner Morgenpost

Il s'agit de proposer aux chômeurs des offres d'emploi dans un service public du Land (statut propre à la capitale allemande ainsi qu'aux villes de Brême et Hambourg) ou à la mairie pour un salaire net d'environ 1.200 euros tout en gardant le bénéfice des aides sociales prévues notamment pour assurer l'éducation des enfants. Le programme serait bien plus avantageux qu'avec la formule Hartz IV, qui permet à chaque allocataire de toucher de 416 euros par mois. Mais ceux qui refuseraient de changer de régime pourront toujours bénéficier du régime actuel. 

Parmi les métiers potentiellement proposés, Michael Müller a évoqué celui de secrétaire dans les écoles, de garde d'enfants... en somme ce qu'il appelle des "services de soutien". "Je pense que c'est plus intéressant pour beaucoup de gens que d'emballer des colis pour les livraisons en ligne."

Ce dispositif reviendrait à créer environ 100.000 emplois pour les chômeurs et coûterait 500 millions d'euros à l'Etat fédéral, selon l'Institut allemand pour la recherche économique.

Est-ce réellement un revenu universel?

En Allemagne, Michael Müller a fait l'objet de critiques de la part d'experts, souligne le site de la Deutsche Welle. Ils reprochent au maire de Berlin d'utiliser de manière abusive l'expression de "revenu universel". Le principe voudrait que tout le monde puisse toucher un revenu de base et ce sans condition de ressource ou d'emploi. Autrement dit, les chômeurs peuvent en théorie percevoir un revenu universel.

Le seul lien avec les défenseurs d'un revenu universel est l'argument de la robotisation de l'économie. Le maire de Berlin estime que le numérique et l'intelligence artificielle vont détruire de nombreux emplois.

Pour mémoire, une expérimentation de revenu universel est déjà en cours en Allemagne. Elle est à l'initiative d'un association qui a collecté des fonds en 2017 via un crowdfunding, pour financer 81 projets de revenu universel. Le projet prévoit de verser aux participants tirés au sort la somme de 1000 euros tous les mois. Une expérimentation similaire a été lancée en France en novembre dernier.

Tourner la page de Hartz IV

Il est "temps de mettre fin à l'ancien système et de le compléter par un nouveau droit au travail", a déclaré Michael Müller. Le concept du revenu universel apparaît davantage un élément marketing pour faire pression dans les rangs du SPD en faveur de la fin de Hartz IV.

Cette loi, mise en place durant le second mandat de Gerhard Schröder (SPD), déchire les sociaux-démocrates. Leur score décevant de 20% lors des dernières législatives en septembre est amputée en partie au refus des leaders du SPD de tourner la page de ces réformes et de proposer un nouveau contrat social. En Allemagne, le nombre de bénéficiaires des indemnités prévues par Hartz IV est stable depuis 2012, avec environ 4,3 millions de personnes par an, relève la Deutsche Welle. 

En plus d'être maire de Berlin, Michael Müller est président du Bundesrat (l'équivalent du Sénat français, ndlr). Il s'agit d'un soutien de poids pour ceux qui espèrent renforcer le système de protection sociale. Un tel changement semble improbable, car l'accord de grande coalition avec la CDU d'Angela Merkel ne prévoit pas de changement majeur sur ce sujet. 

J.-C.C.