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"Le marché chinois ne s'est pas ouvert" ces dernières années, alerte André Loesekrug-Pietri (A Capital)

Le président du fonds d’investissement A Capital estime que le déplacement d'Emmanuel Macron en Chine a, certes, été couronné de succès, mais qu'il convient à présent de véritablement passer à l'action pour asseoir la souveraineté européenne.

Invité ce jeudi dans l'émission "12H L'Heure H" sur BFM Business, le président d'A Capital André Loesekrug-Pietri a tenu à revenir sur l'apaisement des relations diplomatiques et économiques entre Pékin et Washington, mais aussi et surtout sur la visite d'Emmanuel Macron en Chine. Laquelle arrive, selon lui, à point nommé.

"Enfin quelqu'un qui fait ce que le monde des affaires, la chambre de commerce européenne en Chine ou autre dit depuis une dizaine d'années", se réjouit André Loesekrug-Pietri. Selon lui, Emmanuel Macron a pris la mesure du fait que, "contrairement à ce que l'on dit, (…) "le marché chinois ne s'est pas ouvert". Avant d'expliquer : "C’est-à-dire qu'il y a eu énormément de promesses qui ont été faites en 2001 lors de l'accession à l'OMC (...). Vous prenez les services financiers, on est très content d'une émission obligataire qui a été signée lors de cette visite. Mais aujourd'hui, les marchés financiers, la part de marché des étrangers sur cet immense marché chinois, elle est passée de 2% il y a 15 ans à 1,5% aujourd'hui", pointe le président d'A Capital. "Sur tous les sujets stratégiques, l'énergie, les transports, le nucléaire, l'aéronautique, ça a plutôt tendance à se refermer".

La Chine a-t-elle compris le message?

Selon l'expert, la France et plus largement l'Europe auraient, contrairement aux Etats-Unis, encore du mal à faire entendre leurs voix pour travailler de concert avec la Chine en vue d'étendre leurs relations économiques.

Une problématique qu'Emmanuel Macron a, par ailleurs, une nouvelle fois soulevée dans The Economist ce jeudi. Interviewé dans les colonnes de l'hebdomadaire britannique fin octobre, le président français s'alarmait de la "fragilité extraordinaire de l'Europe" qui "disparaîtra", si elle ne "se pense pas comme puissance dans ce monde" et de la nécessité pour elle de "se réveiller". "Je ne crois pas dramatiser les choses, j'essaye d'être lucide", soulignait le chef de l'Etat lors de l'entretien, redoutant notamment l'émergence de la puissance chinoise "qui marginalise clairement l'Europe".

"Aucune stratégie commune entre la France et l'Allemagne"

De son côté, André Loesekrug-Pietri note toutefois des avancées. Face à la Chine, l'Europe dans ses relations commerciales avec Pékin, commencerait selon lui à s'affirmer. "Cela va dans le bon sens", estime-t-il. "Sauf que, aujourd'hui, il faut véritablement [la] (souveraineté européenne – NDLR) mettre en œuvre. C'est-à-dire que, en parler, c'est bien. Mais est-ce que, aujourd'hui, il y a une stratégie commune sur le contrôle des investissements (sino-européens – NDLR) ?", lance-t-il. A priori, pas encore… En tous cas pas dans le secteur de l'intelligence artificielle, assure l'expert à titre d'exemple.

Et de conclure: "Il n'y a déjà aucune stratégie commune entre la France et l'Allemagne. Donc montrons que là-dessus, on est réellement sérieux. Et là, probablement que les Chinois commenceront à nous prendre au sérieux".

JCH avec AFP