Le ministre chilien de l'Économie piégé par une poupée gonflable
C'était un cadeau de fin d'année d'un goût on ne peut plus douteux. L'Association des exportateurs de produits manufacturés et de services (Asexma) a offert une poupée gonflable au ministre de l'Économie Luis Felipe Céspedes, mardi, à l'occasion de son traditionnel dîner de Noël. Avec un message collé sur sa bouche, tout aussi scabreux: "Pour stimuler l'économie".
Michelle Bachelet, la chef de l'État, ex-présidente d'ONU Femmes, a immédiatement dénoncé sur Twitter le caractère "intolérable" de ce présent: "la lutte pour le respect de la femme a été un principe essentiel au cours de mes deux mandats".
Mea culpa du ministre
Sur le coup, le ministre a accepté la poupée de bonne grâce, affichant même un large sourire. Avant de faire amende honorable, le lendemain. "J'ai été pris par surprise et ma réaction n'a pas été adéquate", a-t-il reconnu mercredi devant la presse. Le président d'Asexma, Roberto Fantuzzi, a lui aussi présenté ses excuses sur Twitter: "J'ai une femme, des filles et des petites-filles, jamais l'intention n'a été de générer de la violence contre la femme".
Le mauvais goût du cadeau a été largement dénoncé sur les réseaux sociaux, dans ce pays où les associations féministes se mobilisent contre la culture machiste encore très présente au Chili. "Asexma a offert au ministre une poupée, parce que pour eux l'économie c'est comme les femmes, il faut la stimuler", a critiqué le Mouvement pour les droits sexuels et reproductifs (Miles), fustigeant un cadeau "sexiste et misogyne" et un "spectacle dénigrant".
Après plusieurs années avec une croissance à plus de 5%, et l'obtention du statut d'économie développée en 2012, le Chili voit sa croissance nettement ralentir. Le FMI l'attend ainsi à un maigre 1,7% pour 2016.