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Economie et Social

Le moral des patrons français diverge de celui des allemands de façon inédite

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Historiquement, les courbes de confiance des dirigeants des deux pays envers leurs perspectives économiques empruntaient un chemin parallèle. Depuis quelques mois, ce n'est plus le cas.

Les économies françaises et allemandes sont bien différentes mais un point commun les réunissaient traditionnellement: l'évolution assez parallèle de l'opinion de leurs dirigeants d'entreprises envers l'avenir économique de leurs pays.

Comme le souligne Johannes Mueller, responsable de la recherche macroéconomique chez DWS, un gérant de fonds filiale de Deutsche Bank, "L’équivalent français de l'indice ifo allemand, l'indice de climat conjoncturel établi par l'Insee, a eu tendance à avoir une corrélation assez forte avec l'ifo pendant une grande partie de son histoire. Dernièrement, cependant, leurs chemins ont divergé".

On observe en effet d'habitude une grande proximité des évolutions des deux indicateurs, à la hausse comme à la baisse. Mais depuis le début de 2019, la rupture est franche et sans précédent. Alors que l'indice Ifo plonge de manière quasi ininterrompue cette année, le climat des affaires de l'Insee repart dans le même temps à la hausse, se hissant à nouveau au dessus de sa moyenne de longue période.

Indice Ifo vs. Climat des affaires Insee
Indice Ifo vs. Climat des affaires Insee © -

D'autres études le confirment. Ainsi, selon la première édition de l'observatoire des TPE françaises réalisé par BVA pour American Express, si une majorité de patrons met en avant une situation financière tendue (et une trésorerie qui se détériore), 67% d’entre eux déclarent être optimistes quant à la performance économique de leur entreprise et 2 dirigeants sur 3 (64%) se déclarent optimistes quant à l’avenir de leur secteur d’activité, notamment ceux des secteurs des technologies de l’information (73%) et du voyage (71%).

Des niveaux bien éloignés du dernier indice Ifo allemand de septembre, en toute petite hausse, mais qui se situe toujours à un plus bas sans précédent depuis 2013. 

"L'économie allemande est sous le feu des deux côtés. D'une part, la forte dépendance à l'égard des exportations est un désavantage en ces temps de conflit commercial mondial. De plus, le secteur industriel s'affaiblit partout dans le monde. La contribution de l'industrie à la valeur ajoutée totale en France est inférieure à la moitié de celle de l'Allemagne. D'autre part, la France a un secteur public plus important. En période d'affaiblissement de la demande mondiale, cette situation s'est historiquement stabilisée à court terme. Dans une perspective à plus long terme, on pourrait adopter un point de vue plus nuancé", commente l'analyste.

Cela a aussi des conséquences sur les marchés des actions. Depuis début 2018, le CAC 40 devance nettement le Dax, son homologue allemand (à méthodologie comparable).

Olivier Chicheportiche