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Le "nein" d'Angela Merkel aux demandes de relance budgétaire en Allemagne

Angela Merkel

Angela Merkel - Markus Schreiber / POOL / AFP

La chancelière allemande estime que la rigueur budgétaire en place depuis 2014 peut encore générer de la croissance, malgré le contexte international de guerre commerciale.

Angela Merkel ne cède pas aux pressions internes et externes. Poussée par l'industrie allemande et ses partenaires européens, notamment la France, à ouvrir les vannes de son budget fédéral en s'appuyant sur son excédent budgétaire pour soutenir la croissance de la zone euro quitte à créer du déficit, la chancelière a opposé une fin de non recevoir. 

L'Allemagne continuera à appliquer sa politique de rigueur budgétaire (déficit limité à 0,35% du PIB ou "Schuldenbremse") et du zéro endettement ("Schwarse Null") malgré une croissance nationale atone (0,1% au troisième trimestre et 0,5% prévu en 2019). "Avec cette politique budgétaire, nous pouvons également générer de la croissance", a-t-elle fait valoir devant la presse ce lundi à l'issue d'une réunion gouvernementale.

Cette volonté de poursuivre sur la voie de l'orthodoxie budgétaire avait également été justifiée par Nikolaus Meyer-Landrut, ambassadeur d'Allemagne en France, invité la semaine dernière sur le plateau de Good Morning Business sur BFM Business.

"L'Allemagne a au niveau national une règle d'endettement beaucoup plus sévère. (...) Je comprend la nécessite de réfléchir dans les investissements d'avenir, je comprends qu'il faut qu'on soit capable d'être à la hauteur dans les défis digitaux (...). La question est: quelle est la structure d'un budget et est-ce qu'il n'y a pas moyen aussi dans un budget à l'équilibre de faire le nécessaire pour investir dans l'avenir? Aujourd'hui, le budget fédéral prévoit pour l'année prochaine 40 milliards d'investissements, l'investissement public est presque de 80 milliards. Ces montants (sont) très importants, plus élevés que lors des années précédentes. Donc on peut investir dans l'avenir sans nécessairement s'endetter davantage", avait ainsi souligné Nikolaus Meyer-Landrut.

"L'Allemagne doit investir maintenant"

Et pourtant, même les "Sages" allemands, un conseil d'économistes chargés de conseiller le gouvernement d'Angela Merkel, ont appelé à assouplir le verrou budgétaire du pays "en cas de ralentissement plus prononcé" de la croissance, dans un rapport rendu récemment.

Fin septembre, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie exhortait une nouvelle fois Berlin à dépenser plus. "L'Allemagne doit investir et doit investir maintenant, le plus tôt sera le mieux", après avoir rappelé que la zone euro connaissait actuellement un "ralentissement marqué".

"N'attendons pas que la situation économique s'aggrave pour prendre des décisions nécessaires", a-t-il ajouté, se joignant aux différents appels lancés ces derniers mois au gouvernement allemand, du FMI à l'OCDE, en passant par la BCE, pour qu'il opte pour une relance budgétaire. "C'est aux États européens qui ont les marges de manoeuvre nécessaires d'investir et d'investir maintenant", avait insisté Bruno Le Maire.

Olivier Chicheportiche